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Alan Schneider (director), Samuel Beckett (writer), BusterKeaton (actor) : Film (1965, silent)

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Film est un film expérimental écrit par Samuel Beckett et réalisé par Alan Schneider en 1965.

Ce court-métrage muet d'une quinzaine de minutes montre le parcours d'un homme, qui, sur son passage terrifie tout le monde, hommes, femmes, animaux, etc... On le voit longer un mur, évitant tous les regards, puis monter dans une pièce où il s'enferme. Il en fait sortir le chat et le chien qui s'y trouvent, recouvre la cage d'un oiseau et le bocal d'un poisson, cache un miroir et déchire un portrait cloué au mur, pour enfin aller s'asseoir dans une chaise à bascule. Il sort d'une enveloppe quelques photos de famille, qu'il finit par déchirer à leur tour. Quand enfin il semble avoir annulé tout regard sur lui, il s'assoupit paisiblement dans la chaise, pour se réveiller, en se retrouvant face à lui-même, le regardant droit dans les yeux. On découvre alors le visage du personnage.

WIKIPEDIA

Beckett a exploré la caméra en écrivant des pièces télévisuelles et le scénario d’une œuvre cinématographique, Film.
Film est un court-métrage muet de 22 minutes, écrit en 1963 et réalisé en 1964 par le metteur en scène Alain Schneider, avec Buster Keaton dans le rôle de O. Comme souvent dans ses pièces, le protagoniste se dédouble. L’objet du regard, O, fuit tout au long du film, traqué par Oe, l’œil, qui est aussi le sien. « Il apparaîtra à la fin du film que l’œil poursuivant est celui non pas d’un quelconque tiers, mais celui du soi », écrit Beckett.

Le scénario s’ouvre sur la célèbre formule de Berkeley, Esse est percipi, être c’est être perçu, thèse centrale de sa philosophie idéaliste. Mais, renversant la formule en non esse est non percipi, Beckett cherche ici les conditions du non-être. Film est une mise en scène des conditions pour échapper à l’objectif, autrement dit à l’œil et à la perception. Le film, muet sauf le « chut ! » de la première partie, comporte trois moments : la rue, l’escalier et la chambre. Il ne s’agit que de la recherche poursuivie selon une logique spéculative, démontrée de manière géométrique, des conditions permettant à O de ne pas ressentir « l’angoisse d’être perçu ». Recherche exacte donc d’un angle de vision qui ne doit pas excéder 45°. A 45° O est inconscient du regard, à 46° il est conscient.


L’essai aboutit au constat de l’impossibilité de cette non existence car, même si le regard extérieur est supprimé, reste « l’insupprimable perception de soi. »

CENTRE POMPIDOU

 Gilles Deleuze : Le plus grand film irlandais (”Film” de Beckett)

Problème
S'il est vrai, comme l'a dit l'évêque irlandais Berkeley, qu'être, c'est être perçu (esse est percipi), est-il possible d'échapper à la perception ? Comment devenir imperceptible ?
Histoire du problème
On pourrait concevoir que toute l'histoire est celle de Berkeley, qui en a assez d'être perçu (et de percevoir). Le rôle, qui ne pouvait être tenu que par Buster Keaton, serait celui de l'évêque Berkeley. Ou plutôt c'est le passage d'un Irlandais à l'autre, de Berkeley qui percevait et était perçu, à Beckett qui a épuisé “tous les bonheurs du percipere et du percipi“. Nous devons donc proposer un découpage (ou une distinction des cas) un peu différent de celui de Beckett lui-même.
Condition du problème
Il faut que quelque chose soit insupportable dans le fait d'être perçu. Est-ce d'être perçu par des tiers ? Non, puisque les tiers percevants éventuels s'affaissent dès qu'ils s'aperçoivent qu'ils sont perçus chacun pour son compte, et non pas seulement les uns par les autres. Il y a donc quelque chose d'épouvantable en soi dans le fait d'être perçu, mais quoi ?
Donnée du problème
Tant que la perception (caméra) est derrière le personnage, elle n'est pas dangereuse, parce qu'elle reste inconsciente. Elle ne le saisit que lorsqu'elle forme un angle qui l'atteint obliquement, et lui donne conscience d'être perçu. On dira par convention que le personnage a conscience d'être perçu, qu”il “entre en percipi“, lorsque la caméra excède derrière son dos un angle de 45°, d'un côté ou de l'autre.
Premier cas : le mur et l'escalier, l'Action
Le personnage peut limiter le danger en marchant vite, le long d'un mur. En effet il n'y a plus qu'un seul côté menaçant. faire marcher un personnage le long d'un mur est le premier acte cinématographique (tous les grands cinéastes s'y sont essayés). L'action est évidemment plus complexe lorsqu'elle devient verticale et même spiralique, comme dans un escalier, puisque le côté change alternativement par rapport à l'axe. De toute façon, chaque fois que l'angle de 45° est dépassé, le personnage s'arrête, arrête l'action, se plaque, et cache la partie exposée de son visage avec sa main, ou bien avec un mouchoir ou une feuille de chou qui pourraient pendre de son chapeau. Tel est le premier cas, perception d'action, qui peut être neutralisé par l'arrêt d'action.
Second cas : la chambre, la Perception
C'est le deuxième acte cinématographique, l'intérieur, ce qui se passe entre les murs. Précédemment, le personnage n'était pas considéré comme percevant : c'est la caméra qui lui fournissait une perception “aveugle”, suffisante à son action. Mais maintenant la caméra perçoit le personnage dans la chambre, et le personnage perçoit la chambre : toute perception devient double. Précédemment, des tiers humains pouvaient éventuellement percevoir le personnage, mais étaient neutralisés par la caméra. Maintenant, le personnage perçoit pour son compte, ses perceptions deviennent des choses qui le perçoivent à leur tour : non seulement des animaux, des miroirs, un chromo du bon Dieu, des photos, mais même des ustensiles (comme disait Eisenstein après Dickens : la bouilloire me regarde…). Les choses à cet égard sont plus dangereuses que les humains : je ne les perçois pas sans qu'elles me perçoivent, toute perception comme telles est perception de perception. La solution de ce deuxième cas consiste à expulser les animaux, voiler le miroir, couvrir les meubles, arracher le chromo, déchirer les photos : c'est l'extinction de la double perception. Dans la rue, tout à l'heure, le personnage disposait encore d'un espace-temps, et même des fragments d'un passé (les photos qu'il apportait). dans la chambre, il disposait encore de forces suffisantes pour former des images qui lui renvoyaient sa perception. Mais désormais il n'a plus que le présent, sous forme d'une chambre hermétiquement close dans laquelle ont disparu toute idée d'espace et de temps, toute image divine, humaine, animale ou de chose. Seule subsiste la Berceuse au centre de la pièce, parce que, mieux que tout lit, elle est l'unique meuble d'avant l'homme ou d'après l'homme, qui nous met en suspens au milieu du néant (va-et-vient).
Troisième cas : la berceuse, l'Affection
Le personnage a pu venir s'asseoir dans la berceuse, et s'y assoupir, à mesure que les perceptions s'éteignaient. Mais la perception guette encore derrière la berceuse, où elle dispose des deux côtés simultanément. Et elle semble avoir perdu la bonne volonté qu'elle manifestait précédemment, quand elle se hâtait de refermer l'angle qu'elle avait dépassé par inadvertance, et protégeait le personnage contre les tiers éventuels. Maintenant elle le fait exprès, et s'efforce de surprendre l'assoupi. Le personnage se défend et se recroqueville, de plus en plus faiblement. La caméra-perception en profite, elle dépasse définitivement l'angle, tourne, vient en face du personnage endormi et se rapproche. Alors elle révèle ce qu'elle est, perception d'affection, c'est-à-dire perception de soi par soi, pur Affect. Elle est le double réflexif de l'homme convulsif dans la berceuse. Elle est la personne borgne qui regarde le personnage borgne. Elle attendait son heure. C'était donc cela, l'épouvantable : que la perception fût de soi par soi, “insupprimable” en ce sens. C'est le troisième acte cinématographique, le gros plan, l'affect ou la perception d'affection, la perception de soi. Elle s'éteindra aussi, mais en même temps que le mouvement de la berceuse se meurt, et que le personnage meurt. Ne faut-il pas cela, cesser d'être pour devenir imperceptible, d'après les conditions posées par l'évêque Berkeley ?
Solution générale
Le film de Beckett a traversé les trois grandes images élémentaires du cinéma, celles de l'action, de la perception, de l'affection. Mais rien ne finit chez Beckett, rien ne meurt. Quand la berceuse s'immobilise, c'est l'idée platonicienne de la Berceuse, la berceuse de l'esprit, qui se met en branle. Quand le personnage meurt, comme disait Murphy, c'est qu'il commence déjà à se mouvoir en esprit. Il se porte aussi bien qu'un bouchon sur un océan déchaîné. Il ne bouge plus, mais il est dans un élément qui bouge. Même le présent a disparu à son tour, dans un vide qui ne comporte plus d'obscurité, dans un devenir qui ne comporte plus de changement concevable. La chambre a perdu ses cloisons, et lâche dans le vide lumineux un atome, impersonnel et pourtant singulier, qui n'a plus de Soi pour se distinguer ni se confondre avec les autres. Devenir imperceptible est la Vie, “sans cesse ni condition”, atteindre au clapotement cosmique et spirituel.


Gilles Deleuze, in Critique et clinique (1993)

 

INFORMATION
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Film is a film written by Samuel Beckett, his only screenplay. and directed by Alan Schneider in 1965. It was commissioned by Barney Rosset of Grove Press. Writing began on 5 April 1963 with a first draft completed within four days. A second draft was produced by 22 May and a forty-leaf shooting script followed thereafter. It was filmed in New York in July 1964.

Beckett’s original choice for the lead – referred to only as “O” – was Charlie Chaplin, but his script never reached him. The director Alan Schneider was interested in Zero Mostel but he was unavailable. Beckett was “enthusiastically in favour” of Jack MacGowran as a replacement but he also became unavailable. James Karen, who was to have a small part in the film, talked constantly about the 68 year old Buster Keaton and persuaded Schneider to consider him when MacGowran’s circumstances changed.[2] Schneider credits Beckett himself with the suggestion however.

The filmed version differs from Beckett's original script but with his approval since he was on set all the time, this being his only visit to the United States. The script printed in Collected Shorter Plays of Samuel Beckett (Faber and Faber, 1984) states:

“This is the original film project for Film. No attempt has been made to bring it into line with the finished work. The one considerable departure from what was imagined concerns the opening sequence in the street. This was first shot as given, then replaced by a simplified version in which only the indispensable couple is retained. For the rest the shooting script followed closely the indications in the script.”

It was remade by the British Film Institute (1979, 16 mm, 26 minutes) without Beckett’s supervision, as Film: a screenplay by Samuel Beckett. David Rayner Clark directed Max Wall

It first appeared in print in Eh Joe and Other Writings (Faber and Faber, 1967).

FROM WIKIPEDIA

 Film by Samuel Beckett
by Katherine Waugh & Fergus Daly

"The greatest Irish film"
Gilles Deleuze



1995 marks the 30th anniversary of the première (at the New York Film Festival) of Film by Samuel Beckett. Although remade in Britain in 1979 for the B.F.I. this original version with it's remarkable assemblage of collaborators remains definitive. Few films in the history of cinema deserve renewed attention as much as this little known masterpiece. Ironically, one of the rare gestures made towards its existence within the Irish cultural scene of late was the (admittedly humorous) pastiche of the film in the video for the song 'Glen Campbell nights' by the band 'Bawl'. Despite the recent frenzy of self-satisfied pronouncements regarding the renaissance within Irish cinema, there is little sign of any serious work being created with a similar experimental quality to Beckett's project, which the philosopher and film-theorist Gilles Deleuze has called "the greatest Irish film." Indeed its importance is magnified by the very fact that it is one of the few Irish films of any note which attempts to explore a uniquely Irish intellectual tradition. The problematic which Beckett establishes in the script (which he intended to be read in conjunction with the viewing of the film) is that of the 18th Century Irish philosopher Berkeley: "Esse est percipi" ("to be is to be perceived") or to quote Berkeley in his more detailed formulation "all those bodies which compose the mighty frame of the world have not any subsistence without a mind - that their being is to be perceived or known." Beckett's cinematic venture can therefore be contrasted with the glut of 'home produced' films which, although fulfilling all the criteria necessary to receive the 'Guaranteed Irish' stamp of approval, tend to reproduce the clichéd forms of a Hollywood production rather than attempting to enquire into the history of Irish conceptual peculiarities which resonate through the various media of our present cultural life. Hence, even though it was filmed in America with an American cast and crew, Beckett's film can be seen to deserve the tribute paid to it by Deleuze which emphasises the specifically Irish aspect of its greatness. For Deleuze the entire film is "the tale of Berkeley who has had enough of being perceived and of perceiving. The role, which could only have been taken by Buster Keaton, is that of Berkeley, or rather it is the passage from one Irishman to another, from Berkeley who perceived and was perceived to Beckett who has exhausted all of the 'happinesses of the perceiver and the perceived'."

This film, shot in black and white and lasting 22 minutes, was directed by Alan Schneider under the personal supervision of Beckett whose commitment to the project was demonstrated by his decision to travel to New York and be present throughout the shooting - an effort he was never prepared to make in relation to any of his theatre works, almost all of which Schneider had premièred for him in America. Schneider later speculated as to whether the opportunity to work directly with Buster Keaton had motivated Beckett's unusual decision to travel. It has even been suggested that the inspiration for Waiting for Godot might have come from a minor Keaton film called The Loveable Cheat in which Keaton plays a man who waits endlessly for the return of his partner - whose name interestingly enough was Godot. Beckett's respect for and fascination with the rudimentary silent film and the burlesque tradition of which Keaton was a part (and which undoubtedly had a major influence on many of his dramatic works other than 'Godot') must have contributed to his decision to make his film a silent one. The sole sound present in the film is a sibilant 'ssh' which is heard early on in the work. It is fascinating that the cinematographer chosen for Film was Boris Kaufman, brother of Dziga Vertov (whose original name was Denis Kaufman), a fact which must have added to his value in Beckett's eyes given the writer's well-known preoccupation with the great Russian silent film-makers. Kaufman was the cameraman who had worked on many French silent films prior to his collaboration with Jean Vigo on L'Atalante and who later worked in America with directors such as Kazan (On the Waterfront) and Lumet. The French critic Jean-Claude Biette has stressed the influence of Vertov on Kaufman, especially in his development of a specific lighting technique which in exteriors has the effect of condensing surfaces - for example his known predilection for filming walls and buildings in an expressionistic manner - and in interiors finds its form in a narrowness and verticality which has the effect of heightening the intensities which work on the body in a confined space. Certainly, Kaufman's stylistic techniques contributed greatly to the overall look of Beckett's film. Others have commented on the influence of the Surrealist film-makers, particularly Bunuel and Dali, on Beckett's cinematic imagination and significantly Beckett sets his film in the year 1929, the year Un Chien Andalou was made (and of course the first year of the sound film). In addition the film opens and closes with close-ups of a sightless eye which would seem to refer to the notorious opening sequence of Un Chien Andalou in which a human eye is sliced open with a razor blade. In fact 'Eye' was Beckett's original title for Film.

In Film Buster Keaton plays a character who in Beckett's words is "in search of non-being, in flight from extraneous perception breaking down in the inescapability of self-perception." Beckett explains in his script that he has sundered his character in two: the character played by Keaton is called 'O' or the object who throughout the film is pursued by the subject 'E' or the 'camera-eye'. As long as the camera or 'E' stays behind Keaton (O), 'O' will avoid being perceived. The camera is designated, in Beckett's phrase, an "angle of immunity" of 45 degrees which it must not exceed at the risk of causing 'O' to experience the "anguish of perceivedness."

The film is divided into three parts moving from the street to a stairway and culminating in a room. Following the opening shot of the eye, we see Keaton rushing forward and following a horizontal path along a large wall, all the time desperately trying to avoid being seen by the camera. He jostles with passers-by who look at him in bewilderment and then at 'E' the camera with horror. 'O' then encounters an old woman in the film's first 'interior'; she collapses to the ground on seeing 'O' and again looks at 'E' in horror. The final section of the film is set in a run-down room. When 'O' enters the room he systematically expels all that is thought to represent 'extraneous perception'. After repeated attempts he manages to remove a cat and a dog from the room in a sequence reminiscent of many of the early slapstick Keaton films. (Keaton in fact wanted to heighten this slapstick element in the film by inserting an old gag of his whereby a pencil would be pared until it disappeared - Schneider rejected this idea). 'O' next closes the curtains, covers a mirror, a parrot in its cage and a fish in its bowl. He tears a print of 'God the Father' from the wall, and even appears nervous in the face of a headrest which seems to be perceiving him. Finally he settles in a rocking chair and removes photographs from a folder, inspects them (they appear to show scenes from his early childhood right through to adulthood) and proceeds to tear them into pieces. He closes his eyes and begins to rock. This enables the camera to take advantage of his lapse of consciousness and to exceed all previously limiting angles. The character 'O' is for the first time seen from the front and in a reverse-angle shot 'E' is revealed to be 'O's double: Beckett offers us a visualisation of self-perception. We see the same face, Keaton's with a patch over one eye, but with differing facial expressions - 'O's being one of anguish, 'E's one of acute intentness. 'O' closes his eyes and the rocking of the chair subsides. In Beckett's words, it is not "until the end of the film that the pursuing perceiver is not extraneous but the self." Self-perception is unavoidable.

It is important to understand that Beckett's attempt to investigate the perceptual referentiality of cinema as an art form differs quite markedly from the attempts of other film-makers to deal with problems of perception as encountered in this medium. At a time (broadly speaking the '50's and '60's) when directors such as Hitchcock with Rear Window, Michael Powell with Peeping Tom and Antonioni with Blow-Up were all incorporating explorations of the problems of spectatorship/voyeurism into the very structure of their films, and the American avant-garde (through Brakhage, Belson, Snow etc.) was drawing attention to the very materiality of the cinematic process (the frame, screen, projector, grain patterns, the pellicular essence of the medium) Beckett chose a radically different perspective. To appreciate the depth of the cinematic problematic Beckett confronts us with, it is essential to take into account the extent of his immersion in the history of philosophy and in particular in the paradoxes and impasses of 17th and 18th Century European epistemology. Various works of his emphasise the writings of some philosophers over others; Descartes, Spinoza, and Leibniz in Murphy, Locke in Malone Dies, Leibniz again in How It Is, Berkeley and Hume in Watt. Beckett in effect creates his own Burlesque theatre of philosophers in which the intellectual problems which they formulate are presented through his characters often playful gambits. His revival of Berkeley in Film sees him turning to the cinema for solutions to some of the problems of perception which no other medium was perhaps capable of providing him with. It is interesting to note that at roughly the same time other novelists such as Robbe-Grillet and Duras followed a similar route.

In a forthcoming study on Leibniz and Neo-baroque Literature, which is ground-breaking in many respects, Garin Dowd offers clues as to how Film forms part of a whole series of works in the Beckettian oeuvre which are similarly structured. "In Beckett projects are usually subject to an unfaltering errancy: a project is painstakingly pursued until such point as the subject, although 'going on' (as at the close of the The Unnameable) finds all teleology linking it to it's object (the project) broken down. Such fugal projects are those of waiting in Godot, fabulation in Company, rememberance in Krapps Last Tape, inventory in Malone Dies, work in Watt, and death in The Lost Ones." 'O's flight from perception which breaks down in the face of the inevitability of self-perception extends this series.

Ironically, this series might never have been initiated if one of Beckett's own personal projects hadn't also broken down. In 1936 Beckett, at an impasse in relation to his literary endeavours, became smitten with the idea of changing the direction of his life and becoming a film-maker. In that year he wrote to Eisenstein but we have conflicting versions of the contents of and desires expressed in this letter. Whereas his biographer Deirdre Bair claims that Beckett offered to work as an unpaid apprentice to Eisenstein doing whatever he wanted him to do, it is now generally accepted (through the confirmation of the leading Eisenstein scholar Jay Leyda) that Beckett in fact wrote to Eisenstein of his wish to study at the Moscow State School of Cinematography. Unfortunately for the cinema, but providentially for literature, Eisenstein never got to see the letter. It had been a bad year for Eisenstein, mostly due to the fact that the production of his film Bezhin Meadow had to be stopped due to an outbreak of smallpox. The confusion which ensued as Eisenstein, forced into quarantine, began to doubt his original script and desperately tried to rewrite it meant that during the upheaval Beckett's letter was lost.

It is extraordinary that Beckett could have reached a position whereby he actually considered such a plan. It is also interesting to speculate upon what might have influenced such a decision. Whereas Bair claims that Beckett read books by Pudovkin, Arnheim and Eisenstein whilst in Paris in the early '30's and that he in fact contacted Pudovkin when he failed to get a response from Eisenstein, the most that can be said is that, in terms of books on film-making which might have been in print, Pudovkin's book 'Film Technique' would have been widely available in Paris and more than likely would have been read by Beckett because of his passionate interest in the cinema at that time. Moreover one has the impression that traces of Pudovkin's theory and practice of film-making made their way into Beckett's own film, especially the Russian's belief that inanimate objects when related to the human character in a film and shot in a specific way could be as photogenic and resonant with meaning as human faces. Hence one might find Pudovkin's influence in those shots in Film in which 'O' perceives faces or the human gaze in inanimate objects. But of course Eisenstein echoes these ideas in his essay 'Dickens, Griffith and the Film Today' where he repeats Dicken's observation "even the kettle watches me."

But whatever sources Beckett may have drawn upon in conceiving his film - from the philosophy of Berkeley through to the Burlesque and on to those films and theorists we have mentioned - the work succeeds in creating that singularly Beckettian universe which is so recognisable from his plays and novels. For this reason, in a year in which the 100th anniversary of the cinema is being celebrated, and having just commemorated the 5th anniversary of Beckett's death, it would be fitting if his film could be re-viewed in a way which might lead to it attaining to the stature of his highly acclaimed written work.

Katherine Waugh and Fergus Daly

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Film ist ein US-amerikanischer Kurzfilm von Alan Schneider aus dem Jahr 1965 nach einem Drehbuch des irischen Dramatikers Samuel Beckett. Es ist ein Schwarzweißfilm ohne Dialoge und Begleitmusik. Die einfache Handlung des Films basiert darauf, dass die Kamera als beobachtender Akteur in den Film einbezogen ist. Den Protagonisten, gespielt vom gealterten Stummfilmstar Buster Keaton, bezeichnet Beckett mit O für object, die den Protagonisten verfolgende Kamera bezeichnet er mit E für eye. Der Film spielt mit den beiden Perspektiven und handelt letzten Endes von der Unausweichlichkeit der Selbstwahrnehmung und davon, dass man dem eigenen Dasein nicht entfliehen kann.

Als Regisseur von Film wurde der bei Evergreen Theatre involvierte Theaterregisseur Alan Schneider gewählt, der unter anderem einige Theaterstücke Becketts in den USA inszeniert hatte und erfolgreich am Broadway in New York arbeitete. Film war Schneiders erste und einzige Filmregie.

Als Kameramann wurde Boris Kaufman ausgewählt. Rosset mochte seine Arbeit unter Jean Vigo an L'Atalante und Betragen ungenügend. Kaufman hatte, kurze Zeit nach dem Tod seines Bruders Dsiga Wertow, für seine Kameraarbeit an Die Faust im Nacken 1955 einen Oscar und einen Golden Globe erhalten.

Für die Hauptrolle des O wurde der frühere Stummfilmstar Buster Keaton engagiert. Er war nicht die erste Wahl für die Hauptrolle; zuvor wurde der Part Charlie Chaplin, Zero Mostel und Jack MacGowran angeboten, die aber nicht verfügbar waren. Jahre zuvor hatte Keaton das Angebot ausgeschlagen, die Rolle des Lucky in einer Produktion von Warten auf Godot zu spielen. Zum Zeitpunkt der Produktion von Film erlebte er eine Neuentdeckung seiner Stummfilme und kam zu späten Ehren durch Kritiker und Publikum.

Es gibt verschiedene Versionen darüber, wie Keaton zur Rolle kam. Der Theater- und Filmschauspieler James Karen, der im Film einen Passanten spielt, kannte sowohl Schneider von einer Theaterproduktion als auch Keaton von einer gemeinsamen Tour mit dem Stück Merton of the Movies in den 1950er-Jahren. Da Karen gegenüber Schneider „unablässig von Keaton redete“, vermutete er, Keaton wäre auch deshalb ins Gespräch für die Rolle des O gekommen. Becketts Biograf Knowlson hingegen berichtet, Keaton sei auf Vorschlag Becketts zu dem Projekt gestoßen, nachdem der von Beckett präferierte MacGowran ein anderes Filmengagement hatte. Mit MacGowran konnte Beckett kurze Zeit später das Fernsehspiel He Joe realisieren.

Dreharbeiten und Umsetzung
Die Dreharbeiten fanden im Sommer 1964 in New York statt. Viele Reporter und Schaulustige begleiteten den Außendreh der Eingangsszenen an einer Wand in der Nähe der Brooklyn Bridge, unter ihnen Allen Ginsberg, Alain Resnais und Delphine Seyrig. Insbesondere diese Außenaufnahmen stellten eine große Herausforderung für die Filmneulinge Beckett und Schneider dar. Es herrschte große Sommerhitze, und die Unerfahrenheit des Teams, besonders des Regisseurs Schneider, hatte zur Folge, dass die Außenaufnahmen der ersten Drehtage nicht wie erwartet ausfielen. Eine Wiederholung ließ das Budget nicht zu. Beckett begnügte sich mit den gelungenen Teilen, die Innenaufnahmen im Anschluss liefen besser.

Von dem präzisen Drehbuch, das Aktionen der Personen und insbesondere die Ausstattung von Os Wohnung genau beschrieb, wollten Schneider und Beckett kaum abweichen. Dies ließ Keaton wenig Raum zur Improvisation, was seinem Stil, Filme zu drehen, nähergekommen wäre. Das Drehbuch erforderte es zudem, dass der Hauptdarsteller des O nahezu ausschließlich von hinten zu sehen ist. Keaton steht immer mit dem Rücken zur Kamera und wendet sich beständig ab, wenn die Kamera versucht, um ihn herum zu schauen. Keatons Gesicht ist daher bis kurz vor Ende des Films nicht zu sehen. Beckett ließ ihn aber seine eigenen mitgebrachten Hüte, pork pie hats, tragen. Dieses Markenzeichen der Figur des Buster macht die Identität von Os Darsteller von Anfang an kenntlich.

Zwar war Schneider nominell der Regisseur, Beckett spielte aber eine mindestens ebenso große Rolle bei der Produktion des Films. Beckett hatte, so Schneider später, genaue Vorstellungen im Kopf und bemühte sich, diese umzusetzen.

Die Zusammenarbeit zwischen Beckett und Schneider einerseits und Keaton andererseits gestaltete sich als schwierig. Zum einen lag dies daran, dass sowohl Beckett als auch Schneider zwar Koryphäen auf ihrem jeweiligen Gebiet, aber Neulinge beim Film waren. Der nahezu siebzigjährige Keaton hingegen hatte schon Dekaden zuvor Filme gedreht, die heute zu den besten ihrer Zeit gezählt werden. In den Worten einer Mitarbeiterin von Film: „Der Film wurde geschrieben von einem großartigen Dichter, der nichts über Film wusste, Regie führte ein Mann des Theaters, der nichts über Film wusste, Star des Film war ein Mann, der alles über Film wusste.“ Samuel Beckett war klar, dass Keaton ihm hier etwas voraus hatte. Keaton wurde von Beckett aber auch als zurückgezogen und in der Vergangenheit verhaftet wahrgenommen, die Konversation zwischen ihnen bezeichnete er als einsilbig. Trotzdem lobte und bewunderte Beckett die Professionalität Keatons, der die Regieanweisungen auch in größter Sommerhitze klaglos ausführte
 

Becketts Film basiert auf der Sichtweise des irischen Philosophen George Berkeley, dass das Wahrgenommenwerden das Sein des Menschen konstituiert: Esse est percipi; man ist, wenn man wahrgenommen wird. Selbst wenn andere einen nicht mehr wahrnehmen, nimmt man sich noch selbst wahr. Eine vollkommene Negation des eigenen Seins müsste daher einschließen, dass man aufhört, sich selbst wahrzunehmen oder von göttlichen, allwissenden Beobachtern wahrgenommen zu werden. Wenn O am Ende des Films sich selbst gegenübersteht, erkennt er demnach, dass er sich vor sich selbst letzten Endes nicht verbergen kann. Zwar hatte Schneider anfangs den Eindruck, Buster Keaton könne nicht viel mit dem Konzept anfangen, Keaton fasste die Essenz der Idee allerdings treffend so zusammen: „A man may keep away from everybody, but he can’t get away from himself.“ (In etwa: „Ein Mann/Mensch kann sich von allen anderen fernhalten, sich selber kann er nicht entkommen.“)

O als Name der ansonsten namenlosen Hauptfigur steht für object (Objekt), die Kamera, wenn sie als beobachtende Kameraeinstellung Os Wege verfolgt, bezeichnete Beckett als E für eye (Auge).The Eye sollte auch ursprünglich der Titel des Films sein.] Für O und E konzipierte Beckett zwei verschiedene filmische Darstellungsweisen. Die Optik des Bildes wechselt zwischen einer Beobachterperspektive und einer subjektiven Kamera, die Os Sicht repräsentiert. Die subjektive Kamera ist außerdem leicht verschwommen, als ob O fehlsichtig wäre.

Der Film erschließt sich nicht allein vom Sehen. Ruth Perlmutter weist in einem Aufsatz über Film darauf hin, dass einige technische und textuelle Aspekte sich erst offenbaren, wenn man das Filmscript parallel zum Film liest. So vermerkte Beckett dort, dass es sich bei dem Bild an der Wand, das O zerstört, um ein Bildnis Gottes handelt. Außerdem schloss Beckett explizit die Möglichkeit ein, O befinde sich im Raum seiner Mutter, was weitergehende ödipale Deutungen zulässt. Beckett wird ein angespanntes, ambivalentes Verhältnis zu seiner Mutter nachgesagt.

Ernst Wendt weist in einer Filmkritik darauf hin, dass der Schaukelstuhl, „Becketts geliebtes Requisit“, auch in anderen Werken vorkommt und als eine Art „Todesschaukel“ betrachtet werden kann. So setzt sich in Becketts erstem Roman Murphy von 1938 der Titelheld auf einen Schaukelstuhl, bindet sich daran fest und steckt sich in Brand. Weitere Verweise auf das Werk Becketts lassen sich finden: Das Tuch, das O am Anfang vor seinem Gesicht trägt, kann als Parallele zu jenem blutbefleckten Tuch gesehen werden, das Hamm am Anfang von Becketts Theaterstück Endspiel von 1957 trägt. Und auch die Bilder, die O zerstört, finden eine Parallele in Becketts Œuvre, in dem 1959 veröffentlichten Theaterstück Das letzte Band (Krapp's Last Tape), als Form der Betrachtung von Erinnerungen an sich selbst. Sie stellen die „erfüllten Augenblicke seines Lebens, zur optischen Pose erstarrt“, dar. Aber anders als Krapp sei O nicht imstande, diese Erinnerungen zu ertragen.

Die Premiere des Films fand erst ein Jahr nach Abschluss der Dreharbeiten beim Filmfestival in Venedig am 4. September 1965 statt. Der Filmsammler Raymond Rohauer, der für die Rettung vieler Stummfilme Keatons vor dem Verfall und dem Vergessen verantwortlich zeichnet, hatte sich beim Festivaldirektor für die Aufführung von Film eingesetzt. Die Stummfilmlegende Keaton wurde in Venedig minutenlang mit stehenden Ovationen gefeiert. Nur wenige Monate später, am 1. Februar 1966, starb Keaton an Lungenkrebs.

Die Produzenten hatten zuvor massive Schwierigkeiten gehabt, den fertiggestellten Kurzfilm in den USA zur Aufführung zu bringen. Erst eine Zusage von Amos Vogel, dem damaligen Direktor des New York Film Festival, den Film im Herbst 1965 auf dem Festival im Rahmen einer kleinen Buster-Keaton-Retrospektive zu zeigen, änderte dies.

In den regulären Filmverleih kam der Kurzfilm allerdings nicht. Lediglich vereinzelte Aufführungen z. B. an Universitäten oder in Kurzfilmprogrammen fanden in der Folge statt, aus Beckett- und Keaton-Fans rekrutierte sich Ende der 1960er-Jahre eine Art Underground-Publikum. Film war dementsprechend kein kommerzieller Erfolg. Der Produzent Rosset konstatiert, man habe erstens vielleicht zu viel Geld für den Film ausgegeben, zweitens so gut wie keine Einnahmen gehabt durch die (spärliche) Kinoauswertung.
 

AUS WIKIPEDIA