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Pression (Druck). Persécution de l'handicapé hors du pays maternel.
La pression intérieure aux prises avec une appréhension négative de l'environnement, et un sentiment de solitude et d'exclusion qui persiste, rend à nouveau difficile la capacité d'exister en liberté dans un monde qui se veut de plus en plus sécuritaire et délibérément répressif. La condition d'une existence en liberté s'efface devant un ordre où l'individu ne semble pas être autre chose qu'un pantin qui s'anime au profit d'une machine gigantesque. Reste l'impression tenace que quelque chose de plus fort que la sensation de bien-être domine, mais qui ne saurait être autre chose qu'une menace sourde et latente de privation d'identité. La culpabilité, arme redoutable d'un établissement dogmatique et doctrinaire qui m'a longtemps chargé, en m'accablant de je ne sais quelle faute inavouable, est associée à l'idée indélébile d'une infirmité coupable à laquelle il ne m'est jamais possible d'échapper; et elle relance l'interrogation d'une possibilité renouvelée d'être à part entière sans ce sentiment détestable et pénible d'intériorisation qui reste, indiscutablement, cette même association "assassine" de main coupée et de faute méconnue. Je hais ce sentiment qui m'emprisonne, qui me livre aux mains des psychiatres et qui ne me laisse pas de répit en regard d'une existence que je cherche encore à réussir selon le principe que la vie vaut d'être vécue. Vient un sentiment d'une inquiétante nullité et une pressante sensation de libération impossible, et celle d'une pression explosive et intense; celle aussi d'une énergie qui ne parvient jamais à se libérer dans le mouvement recherché pour la paix, - un peu, comme si c'était interdit, beaucoup parce que ce n'est ni honnête ni français d'être ce qu'on est, très naturellement. En fait, une névrose qui s'abandonne et qui refuse à se défaire parce qu'elle est incrustée dans la chair vieillissante de la maturation. Comme une frayeur intense et pétrifiante de revendiquer le droit d'être soi-même, comme si l'explosion d'un attentat imaginaire, ou réel, était venu se placer au cœur de l'esprit en détresse et en difficulté. Est-ce une question d'identité, quand l'individu est français et que la culpabilité, elle, serait germanique ? ou peut-être l'inverse : c'est que je suis moi, ce que l'on a dit de moi et ce que j'en ressens, ce que j'en suis pour ma propre conscience. Comme un éternel coupable parce que, déjà, ayant été coupé, - comme l'autre aurait pu le dire. Coupable, c'était sûrement le sens donné à cette intention et à ce sous-entendu qu'il y avait là, en ma présence, quelqu'un de dangereux et de suspect. Pour arriver à un point inatteignable et effrayant de sérénité et de calme qu'on n'ose approcher sans angoisse, sans faillir et même sans défaillir. - Je l'appellerai le ki, l'unisson, le diapason de sa propre sagesse et sa tranquillité intérieure, perdues quelque part sur le chemin, à travers la terreur ambiante. (Batignolles, mars 2003)
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