SKARLET : “Médialectiques” (12) "Ceci n’est peut-être pas une fiction" (samedi, 16 décembre 2006)
N’entrons pas ici dans les détails de l’histoire. Les moyens d’information actuels sont tels, que le public intéressé, ou concerné, pourra se constituer son dossier de presse personnel. Mais, quelque soit le point de vue que l’on puisse adopter, l’équipe autour de François de Brigode, le présentateur du journal de la RTBF (19:30, diffusé également sur RTBFsat), a réussi un coup médiatique assez impressionnant, préparé depuis plusieurs mois dans le plus grand secret et dans l’ignorance d’un grand nombre de collègues. - Cette opération a le mérite de faire apparaître la crédulité des gens vis-à-vis des médias d’information, en proie à un manque de distance plutôt inquiétant, qui fait prendre pour argent comptant tout le flux des messages déversés quotidiennement dans les innombrables canaux. Mais surtout, l’émission de la RTBF avait clairement annoncé la couleur, car on pouvait lire avant même son lancement: "Ceci n’est peut-être pas une fiction". Or, beaucoup de gens n’avaient pas relevé cet avertissement ou, au choix, ne l’avaient pas analysé, ce qui peut faire penser au fameux mot d’ordre des paranoïaques, très à la mode depuis le 11 septembre 2001: "Même si c’est faux, c’est vrai!" - Beaucoup de gens avaient donc vu ce qu’ils voulaient voir. Du sensationnel, du spectaculaire, de l’inédit. Et ils ont vu, ou voulu voir, se réaliser deux événements sans doute "dramatiques" pour la Belgique. La sécession de la riche région de Flandre et la "démission" de Sa Majesté le Roi. - L’effet de cette opération, jugé pervers par beaucoup de politiques et de journalistes, est que le public risque désormais d’inverser le mot d’ordre cité pour décréter: "Même si c’est vrai, c’est faux!" Or, il est également permis de penser, - ne serait-ce qu’un instant, - que les gens auront fait un pas dans la bonne direction en adoptant, - ne serait-ce qu’un instant, - une attitude plus critique envers les médias d’information et, surtout, envers leurs propres attentes. liens - l’émission du 13/12/06 a été publiée le 16/12/06 sur Dailymotion >http://www.dailymotion.com/video/xt7gi_la-flandre-proclame-son-independanc (lien rompu, 2/2010) - sur Dailymotion, on peut également voir le journal de la RTBF (14/12/06) qui retrace l’affaire et fait état des réactions à son programme de la veille >http://www.dailymotion.com/video/xsyd6_jt-rtbf-14122006-soir
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le quotidien d’information Le Soir (Bruxelles) consacre un dossier
spécial à cette affaire >http://www.lesoir.be/dossiers/le_choc_RTBF/index.shtml
commentaires ouverts sur :
http://kaempfer.free.fr/interact/index.htm
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"Brève"
Réflexion
sur la relation rendue publique entre la journaliste
Avec ces petites affaires privées, et leur médiatisation sans doute
programmée, dont les gens raffolent, certaines relations troubles entre
les médias et le pouvoir politique restent immanquablement dans
l’ombre. Ne perdons donc pas notre temps à analyser l’incidence
d’une relation personnelle sur le traitement de l’information, quand
il s’agirait d’éclairer les zones d’ombre, qui augmentent avec
l’intensité des spotlights braqués sur ce genre
d’« affaires » dont l’intérêt principal est de détourner
l’attention des véritables ingérences. On sait bien que les
accointances redoutées et redoutables entre politique, économie et médias
se jouent ailleurs, - dans un « monde parallèle » très
difficile voire interdit d’accès au public, - et que les choses sont
d’une complexité énorme, absolument impossibles à réduire, car tout
algorithme, et notamment celui de ramener ce problème à la sphère privée,
loin de constituer une véritable « réduction de complexité »,
tend à accomplir, au contraire, un vrai travail de désinformation.
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