Stefan Kaempfer
HEIDEGGER EN FRANCE
(un billet d'humeur)
On s'apercevra d'une
obsession majeure dans la pensée philosophique en France, qui tient en un seul nom
propre : Heidegger
! La pensée française du 20e Siècle a pourtant été l'une des plus fécondes que l'on puisse imaginer (on nous dispensera de
name dropping)
: pourquoi alors s'en référer - sans toujours comprendre l'original - à
un philosophe dont tout semble indiquer qu'il a accueilli favorablement
l'avènement de l'un des régimes politiques les plus meurtriers de
l'histoire ? A-t-on essayé de comparer, si possible dans le texte, les
idées exprimées dans "Was ist Metaphysik?" (1929) - une sorte de condensé de "Sein und Zeit" (1927) - avec le tristement célèbre "Discours du rectorat"
(1933) ? Etudié les relations qu'entretenait le "disciple" avec son
maître Husserl pendant le fascisme ? La rature de la dédicace de
Sein und Zeit en est le symbole et le symptôme. - Il y a eu le livre de Victor Farias (Heidegger et le nazisme, Verdier 1987, réédité en Livre de Poche, cf. notamment pp. 150 et ssq.). Mais il y a surtout eu Auschwitz, et le livre marquant du survivant Primo Levi, Si c'est un homme (Si questo è un uomo, 1947). Comment un philosophe qui - en 1933
ex cathedra - prône le "Führerprinzip"
- où le ralliement à la nouvelle "idéologie allemande" n'est que trop
évidente - a-t-il pu se taire lorsque les atrocités commises ont été
connues du monde entier ? Comment est-ce possible de laisser - par le
silence - subsister le doute ? - "Je me suis trompé, je ne savais pas !"
Voilà ce que l'on était en droit d'attendre d'un homme public qui
s'était pour le moins compromis avec le régime. Mais il n'y a rien eu.
Nichts.
- Interdit d'enseignement par les autorités en charge de la
"dénazification" en Allemagne, il fut accueilli à bras ouverts en
France où l'on digérait, tant bien que mal, l'Occupation et ses
ambiguités. C'est cette réception positive de Heidegger (mais aussi de
Jünger) au pays de Gobineau, Maurras et Barrès, qu'il faudrait
interroger. Gérard Granel, qui justifie sa traduction et publication de
la Rektoratsrede, va jusqu'à dire : "Il y a même un passage magnifique du
Discours
où
les perspectives temporelles s’élargissent à la mesure de la scansion
historiale du « projet » en tant que projet de la pensée : c’est celui
dans lequel Heidegger rappelle qu’ « il a fallu aux Grecs trois siècles
simplement pour placer sur son terrain véritable et mettre sur une voie
sûre la question de ce que le savoir peut bien être », et que, par
conséquent, il ne faut pas que « nous » – nous qui prononçons et
écoutons ce discours du 27 mai 1933 – allions « nous imaginer que
l’élucidation et le déploiement de l’essence de l’Université va se
produire dans le cours du semestre actuel, ou du prochain »." (in :
"Pourquoi avons-nous publié cela?").
Vers la fin de cet essai - que l'on peut lire à travers les passages
sélectionnés comme une apologie - Granel ajoute: "Telle qu’elle fut,
telle que nous l’avons publiée, la
Rektoratsrede n’est pas cependant un simple
documentum
sur un moment dépassé d’une pensée, ni un simple
monumentum
sur
la manière d’éviter d’en répéter l’errement. Elle est toujours un
manuscrit tombé de l’avenir, où nous avons encore à lire. En
particulier, nous avons encore à y lire – entrelacée à la question de
l’Université, de la science et des métiers – l’énigme de cet « État »
qui sera pour un peuple « son » État, étant entendu que ce peuple est
un peuple de « travailleurs »." Le lecteur qui chercherait une
conclusion à ce texte fort érudit ne trouvera qu'une mention entre
parenthèses : "texte inachevé". Dans une lettre de Granel au fils de
Heidegger, Hermann, on est cependant mis sur la voie: "La première fois
que l’idée d’une traduction, et le sentiment de sa nécessité, me sont
apparus, ce fut pendant la lutte menée par les étudiants dans la France
entière, début 1976, contre la politique universitaire de notre
gouvernement d’alors, qui consistait à orienter résolument l’Université
vers des formations technologiques, et en général à l’adapter à
l’appareil de production moderne, sans plus aucun souci des questions
fondamentales sur le destin de l’Occident qui donnent au contraire sa
grandeur à la Rektoratsrede."
L'idée n'est pas de mettre en cause ici l'intégrité de Gérard Granel -
ou celle de Jacques Derrida, par exemple - mais de se demander pourquoi, diable,
certains penseurs français s'acharnent à défendre ce bonhomme. Quel est
le sens de cette fidélité au "maître" que l'on retrouve même chez
Hannah Arendt ? Ce n'est pourtant pas Heidegger qui en a montré
l'exemple. Voici ce qu'en pense Jorge Semprun: "1935 n’était pas une
époque facile. Husserl, qui était professeur à la retraite, était déjà
rayé de la liste de l’université parce que juif. Son disciple et élève
Martin Heidegger avait déjà effacé de la dédicace de Sein und Zeit,
son œuvre fondamentale, le nom de Husserl, auquel il avait dédié en
1927 son livre, avec « vénération et amitié ». On n’a plus ni
vénération ni amitié pour un professeur juif exclu de l’université…"
(in "Commémorer deux destins européens",
2005) - Etonnant que Jean Beaufret n'ait pas été mieux informé en 1969,
lorsqu'il écrit une lettre d'anniversaire au "maître de Todtnauenberg"
: Après avoir illustré la relation ambivalente que la pensée
heideggerienne entretient avec la phénoménologie husserlienne en citant
l'exemple de l'attitude de Leibniz vis-à-vis de Descartes, il dit que
"pour votre maître Husserl, la dédicace de Sein und Zeit
est un hommage bien plus grand et durable que les productions d'un
grand nombre de husserliens..." Que le même Beaufret ait été, un temps,
le défenseur de son élève, le négationniste Faurisson, cela relève-t-il
du même manque d'information ? Ou de la fidélité d'un maître à son
disciple ? - En 2005, Hans Dieter Zimmermann a publié un livre sur
Martin et Fritz Heidegger, son frère cadet, où il relate l'anecdote
suivante : "Dans l'immédiate après-guerre, il [Martin Heidegger]
chercha du secours auprès de l'archevêque de Fribourg par crainte de
sanctions de la part des forces françaises d'occupation. Lorsqu'elle
vit entrer le philosophe, la soeur de l'archevêque aurait dit: 'Ah !
voilà que le Martin repasse par chez nous. Douze ans que nous ne
l'avons pas vu.' Et celui-ci aurait répondu: 'Marie, je l'ai chèrement
payé. A présent je suis fini.' " (in Martin und Fritz Heidegger. Philosophie und Fastnacht,
éd. C. H. Beck) Or, il ne l'était pas. - Même si, aujourd'hui, les
témoignages de son antisémitisme et de son adhésion effective aux idées
et directives national-socialistes se multiplient (par exemple
ici, en anglais),
la plupart des "heideggeriens" continuent de faire la sourde oreille.
Est-ce parce que l'oeuvre doit pouvoir se lire en dehors des positions
existentielles prises par l'auteur ? En sachant que "l'existence" est
au coeur de son oeuvre qui, en revendiquant une "authenticité existential-ontologique", se soustrairait à la
chute de l'auteur dans une "inauthenticité existentielle-ontique" des
plus "inavouables" ? Comment cela serait-il possible ? - Pour guérir de
l'abîme qui s'ouvre ici, il faudrait pouvoir se dire que la
philosophie, l'histoire des idées, le destin philosophique ne sont pas
la propriété privée de Martin Heidegger. Il n'a pas été excommunié par
ses pairs ou condamné à boire la cigüe. Il n'a pas non plus mis fin au
règne de la métaphysique, bien au contraire : il a réanimé le cadavre
de la scolastique médiévale, qui continue depuis lors son errance de
mort-vivant, mais c'est là une autre histoire. Et il a prodigieusement
ignoré les grands penseurs de son temps par un tour de rhétorique que
l'on peut pardonner à son maître Husserl, qui fut tout de même l'élève
du mathématicien Weierstrass, mais non au théologien Heidegger, soutenu
par l'archevêché de Fribourg, qui, contrairement aux grands philosophes
de la Modernité européenne, n'était pas une lumière en sciences. Car il
y a matière à penser en dehors de la philosophie strictu sensu
et du dépoussiérage de textes anciens en usant d'une philologie
douteuse. Il fut un temps où la Philosophie s'appelait la Reine des
Sciences. Grâce au travail de "déconstruction" de M. Heidegger, entre
bien d'autres, elle n'est aujourd'hui qu'une espèce de bouffon qui
apparaît par intermittence sur les plateaux de télévision pour se
complaire dans différentes poses polémiques, qui finissent par jeter le
discrédit sur le titre même de "philosophe". En effet, comme l'a
souligné Jacques Bouveresse : "On en est là..." (in Le Monde Diplomatique, mai 2006). Nous aurions donc du travail : "Arbeit" qui, contrairement à ce qu'avait affirmé Heidegger, ne signifie pas "héritage" (Erbe), mais bien l'absence de celui-ci.
Pour réagir à votre article, je voudrais préciser
certaines choses. Concernant "l'obsession majeure", la question est de
savoir pourquoi Heidegger occupe une telle place et ce qu'elle
signifie. De quoi Heidegger est-il le nom ? Quelque soit
l'interprétation à laquelle on se range en ce qui concerne la période
du Rectorat, l'importance et la portée de l'œuvre de Heidegger me
semblent incontestables. En ce sens, à travers Heidegger, c'est moins
un homme qu'une pensée qui n'a cessé d'interroger la philosophie et l'histoire de la Métaphysique qui est "l'obsession majeure" de certains articles. Après tout, c'est bien le moins pour des articles philosophiques.
Concernant
le sempiternel procès en sorcellerie que certains se plaisent à lui
faire, on devrait commencer par s'éloigner de toute hostilité lorsqu'il est question d'interpréter et de comprendre
ce qui s'est effectivement passé. Il n'est pas, évidemment, pas
question d'apologie, mais l'hostilité est, envers Heidegger comme
envers n'importe qui d'autre, la pire manière de parvenir à comprendre
quoique ce soit. Il me semble surtout que la réflexion (si c'est bien
de cela qu'il s'agit et non pas de procès et d'incriminations)
gagnerait à poser des questions au lieu de statuer de manière
précipitée : Comment un penseur qui a à ce point remis en cause la
métaphysique dont le nazisme est issu et dont il était porteur a-t-il
bien pu s'engager comme il le fît ? Quel est la nature et le sens de
son engagement ? À quoi Heidegger s'est-il au juste engagé ? Pour
quelles raisons et dans quels buts ? "Engagement" signifie-t-il la même
chose qu'"adhésion" ? Cette remise en cause de la métaphysique
n'interdit-elle pas de porter nombres d'accusations à son encontre (au
premier chef la ridicule accusation d'antisémitisme qui implique que
l'on se situe dans une perspective raciale qui était absolument
étrangère à Heidegger) ? N'est-il pas périlleux de juger avec une telle
témérité de la lucidité de penseurs, et d'hommes, de l'importance de
Beaufret ou de Granel ? Heidegger est-il vraiment resté silencieux ? Si
l'on persiste à parler d'un "silence" en dépit des 19 cours de la
période 1933-1944, quel sens ce silence a-t-il ? Est-il si sûr qu'il
soit juste de l'interpréter comme une pièce à charge ? On pourrait, on
devrait, allonger la liste de ces questions, et on devrait surtout
commencer par se les poser. Vraiment.
Réponse à Mathieu
Vous
mentionnez les "procès en sorcellerie" tout en insistant sur la vertu
des "questions" qu'il faudrait poser "vraiment". "Soumettre à la
question" : c'est là le procédé meurtrier de l'inquisition qui
arrachait des "aveux" sous la torture à de "pauvres diables"... - Ceci
dit, vous soulevez un certain nombre de points importants dans votre
commentaire :
- A propos de Gérard Granel : Les citations ci-dessus montrent ou bien qu'il n'a pas compris la portée politique du "Discours", qui a été prononcé dans un contexte de persécution et d'application effrénée ("hektisch" selon
les témoins) d'un certain nombre de directives en effet racistes - ou
"raciales" si vous préférez - par le nouveau recteur de Fribourg, ce
qui mettrait en cause la "lucidité" de Granel, ou bien qu'il cherche à
intégrer le Discours - dont
il est l'éditeur français - dans le corpus heideggerien comme un
élément important, ce qui semble être le cas. C'est d'ailleurs lui qui
évoque l'axe mentionné Sein und Zeit - Was ist Metaphysik - Rektoratsrede. Dès lors, si on lit "vraiment" le Discours -
et on ne peut le lire sans l'abstraire du contexte où il fut prononcé
et des actes bien réels du recteur qui le prononça : toute lecture
"immanentiste" ou herméneutique serait ici "déplacée" - on ne peut
manquer de remarquer l'adaptation "sans solution de continuité" de la
pensée même du philosophe au régime totalitaire nouvellement mis en
place.
- A propos de Jean Beaufret : Comme on peut le lire dans la
source anglaise citée ci-dessus, le négationniste Robert Faurisson
publia dans les années 1980 les lettres que Beaufret lui adressa. Voici
ce qu'écrit l'organisateur des Séminaires du Thor (qui laissa
d'ailleurs un souvenir impérissable à Gérard Granel puisqu'il s'y était
"longuement entretenu" avec Heidegger) :“I
believe that for my part I have traveled approximately the same path as
you and have been considered suspect for having expressed the same
doubts [concerning the existence of the gas chambers]. Fortunately for
me, this was done orally.” (cité par Alex Steiner, 2000,
The Case of Martin Heidegger, Philosopher and Nazi, part 2).
Il s'agit bien entendu de retrouver la version originale de ces
lettres, l'une d'elles, une lettre de "soutien" et d'encouragement dans
les "recherches" de Faurisson ayant été publiée dans les "Annales d’histoire révisionniste" (1987, nº 3, la lettre en question datant de 1978). Une "affaire Beaufret" avait par ailleurs éclaté en 1968. A l'entrée
Jean Beaufret, l'encyclopédie Wikipédia rappelle ceci : "Un soir, chez Beaufret, Roger Laporte l'entend prononcer des propos antisémites sur Emmanuel Lévinas,
et dire que « les exterminations alléguées des Juifs étaient aussi peu
crédibles que les bruits qui couraient au sujet des horreurs en
Belgique après la guerre de 1914 (les Allemands qui tuaient et
égorgeaient des enfants) » (Jacques Derrida, entretien avec Dominique
Janicaud, in Heidegger en France. 2. Entretiens, Albin Michel, 2001, p. 97). L'intéressé avait ensuite nié ces propos.
-
Le silence de Heidegger : Il y a en effet les cours que vous
mentionnez. Voici ce qu'en dit Emmanuel Faye dans la préface à la
seconde édition (2007, en poche) de son livre Heidegger. L'introduction du nazisme dans la philosophie (2005)
: "le fait que Heidegger enseigne, dès 1933, dans ses cours et
séminaires, les trois principaux buts du nazisme : (1) la domination de
la race originellement germanique ; (2) l’extermination totale de
l’ennemi intérieur ; (3) l’expansion de l’espace vital du peuple
allemand, révèle jusqu’à quel degré d’inhumanité s’est élevée sa
responsabilité morale et politique dans l’acceptation et la mise en
oeuvre de la politique de conquête et d’extermination des nazis." La
thèse de cette préface (en ligne au format pdf) s'appuie sur un certain nombre de textes qu'il serait utile de relire.
-
L'antisémitisme (le racisme) de Heidegger : Dans cette même préface, E.
Faye cite une lettre du philosophe à sa fiancée Elfriede qui date de
1916. Voici ce qu'il écrit: "L’enjuivement de notre culture et des
universités est en effet effrayant et je pense que la race allemande
devrait trouver suffisamment de force intérieure pour parvenir au
sommet." („Die Verjudung unsrer
Kultur u. Universitäten ist allerdings schreckerregend u. ich meine die
deutsche Rasse sollte noch soviel innere Kraft aufbringen um in die
Höhe zu kommen.“ Lettre du 18 octobre 1916, « Mein liebes Seelchen ! » Briefe Martin Heideggers an seine Frau Elfride 1915-1970, éditées et commentées par Gertrude Heidegger, Munich, 2005, p.51.)
- Le silence de Heidegger (bis) : Il est évident qu'un mea culpa eût
été un aveu. Mais le problème est qu'un homme public allemand compromis
avec le régime nazi - ce qui, j'ose l'espérer, vous ne mettez pas en
doute - aurait dû prendre position sur la destruction méthodique du
"peuple juif" (mensonge supplémentaire : il s'agissait de citoyens
allemands, polonais, hongrois, français etc. auxquels on a retiré la
citoyenneté nationale, non seulement de leur vivant pour "légitimer"
leur "différence" et leur assassinat, mais également post mortem).
C'est encore lui faire une faveur que de supposer qu'il "ne savait
pas", alors qu'il était en contact étroit avec Eugen Fischer dont Alex
Steiner (loc. cit,
part 1) dit ceci : "Heidegger
was a life-long friend of a man named Eugen Fischer. Fischer was active
in the early years of Nazi rule as a leading proponent of racial
legislation. He was the head of the Institute of Racial Hygiene in
Berlin which propagated Nazi racial theories. One of the “researchers”
at his institute was the infamous Dr. Joseph Mengele. Fischer was one
of the intellectual authors of the Nazi “final solution.” Heidegger
maintained cordial relations with Fischer at least until 1960 when he
sent Fischer a Christmas gift with greetings. It would not be
stretching credibility too far to suppose that as a result of his
personal relationship with Fischer, Heidegger may have had knowledge at
a very early period of Nazi plans for genocide." Alors, et même
si la supposition de Steiner ne correspondait pas aux faits, on serait
en droit d'attendre une prise de position de Heidegger sur la
monstruosité des camps de concentration. Or, la seule chose qu'il a
trouvée à dire est celle-ci : "Agriculture
is now a motorized food-industry—in essence, the same as the
manufacturing of corpses in the gas chambers and the extermination
camps, the same as the blockade and starvation of the countryside, the
same as the production of the hydrogen bombs.” (Steiner, loc. cit. part 1) En allemand, cela donne: "Landwirtschaft
ist jetzt eine motorisierte Lebensmittelindustrie, die gleiche Sache in
seinem Wesentlichen wie die Produktion der Leichen in den Gasräumen und
in den Ausrottunglagern, die gleiche Sache wie Blockaden und die
Verkleinerung der Länder zum Hunger, die gleiche Sache wie die
Herstellung der Wasserstoffbomben." (Heidegger 1949) On peut
interpréter cette citation comme on veut : ce qui est terrible, c'est
que Heidegger ne prend aucune position. Il ne dit pas que ces "chambres
à gaz" et ces "camps d'extermination" ont été installés par des
Allemands à l'intention des "Juifs" (sc.: des Allemands, des Français,
des Polonais, des Hongrois etc.). Et il n'émet aucun jugement à ce
propos. De plus, selon beaucoup de commentateurs, il "banalise" cette
"entreprise" puisqu'il la compare aux abattoirs industriels, créant
alors une analogie entre le sort - certes déplorable - que l'on fait
aux animaux et celui d'êtres humains qui, faut-il le rappeler, furent
qualifiés de "sous-hommes" pour justifier leur assassinat en masse dans
un cadre où ils furent en effet réduits - de façon bestiale et barbare
- à n'être plus que des "animaux". Il fallait voir les films de
propagande de l'époque tournés dans les ghettos pour comprendre
l'utilisation que le régime nazi fit d'une situation de détresse
extrême qu'elle avait elle-même créée pour montrer que ces gens ne
méritaient pas le qualificatif d'êtres humains.
- La métaphysique :
c'est là un autre chapitre qui devrait faire l'objet d'un autre
article. Il convient cependant de s'entendre sur le sens de ce mot.
Sans doute tire-t-il son origine dans "l'embarras philosophique" ("philosophische Verlegenheit")
de ce bibliothécaire inconnu, chargé de classer les écrits d'Aristote,
auquel Heidegger aimait à se référer. Mais, depuis, les hommes y ont
mis une signification par l'usage même qu'ils ont fait de ce concept.
Heidegger - après les premiers travaux de Husserl (1900/1) - s'est
surtout attaqué à la métaphysique moderne et à la constitution d'un
"sujet transcendantal". Or, il faut bien se rendre à l'évidence que
cette constitution n'est pas le fruit du hasard, mais le pendant - et
la réflexion - philosophique d'une évolution historique qui a conduit à
la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen en l'an 1789. En
effet, le "sujet transcendantal" est bien l'être humain lui-même qui
doit "se rendre comme maître et possesseur de la Nature", comme l'avait
prescrit Descartes. Et c'est sans doute le modèle kantien de l'esprit
de 1781/7 - contemporain de la Déclaration "universelle" - qui en est l'expression la plus aboutie. La critique de Heidegger (in Kant und das Problem der Metaphysik, 1929) concerne le remaniement effectué dans la seconde édition de 1787 du chapitre sur le schématisme de la Critique de la Raison pure
: Kant y aurait minimisé le rôle de l'imagination productive au
bénéficie de l'aperception pure (i.e. le "sujet transcendantal") dans l'opération nécessaire de
"synthèse" ("homogénéisation") entre deux déterminations a priori hétérogènes de l'esprit, l'intutition (Anschauung) et l'intellect (Verstand).
Heidegger aboutit à la conclusion suivante, à laquelle Kant l'invite dans le
chapitre sur le schématisme : "“L’interprétation de l’imagination
transcendantale comme racine, i.e. l’éclaircissement de la manière dont la
synthèse pure donne naissance aux deux souches [sc.: intuition & intellect] tout
en les contenant, reconduit en elle-même à l’enracinement de cette racine : au
temps originaire. Seul celui-ci, en tant que formation (Bilden) originaire et
unification de la triplicité d’avenir, passé et présent en général, rend
possible (ermöglichen) la ”capacité“ (Vermögen) de la synthèse pure, i.e. ce
dont elle est capable, à savoir l’unification des trois éléments de la
connaissance ontologique dans l’unité desquels la transcendance se forme
(bilden).” (Heidegger, op. cit., p. 190, que nous traduisons). Dès lors, il faut
en effet s'entendre sur le sens du mot "métaphysique". Et une autre question
mérite alors d'être posée : si la position centrale du sujet pensant (res
cogitans) ou de l'être conscient (Bewusstsein), qui émerge de
l'histoire des idées comme "métaphysique moderne", rend possible la position
éminemment politique d'un sujet libre comme citoyen de la démocratie moderne,
quel sens faut-il donner à l'abandon de cette position par Heidegger ?
***
Signalons
pour clore cet article quelques autres sources d'information. Il y
a bien sûr le débat entre Emmanuel Faye et le disciple et traducteur de
Heidegger François Fédier, qui a eu lieu sur la chaîne "Public Sénat"
("Bibliothèque Médicis", rediffusion du 23/02/2007) que l'on peut
réécouter sur un "blog dédié à Heidegger et le nazisme". F. Fédier, l'initiateur et le co-auteur de Heidegger à plus forte raison (Fayard
2007), un ouvrage qui s'entend comme une réponse au livre d'E. Faye
(2005, cité ci-dessus) et une défense du philosophe allemand, a mis en
ligne la première version de sa contribution intitulée "Mécanique de la diffamation" (au format pdf, assez volumineux, 18Mo). On y trouve ce passage quelque peu étrange, que l'on relira dans son contexte: "Jean Beaufret n'a jamais nié l'extermination de millions de victimes juives pendant le nazisme.
Je me souviens même très précisément l'avoir entendu dire sans la
moindre ambiguïté : ce n'est pas le recours au gaz qui fait de cet
assassinat un crime." (Fédier souligne.) - Nous n'avons pas parlé de
deux penseurs français qui se sont beaucoup inspirés de la pensée
heideggeriennne : Emmanuel Lévinas, le traducteur des Méditations Cartésiennes
de Husserl (Sorbonne 1929, trad. française 1931), et surtout Jacques
Derrida. Ce dernier avait accordé un entretien à Didier Eribon (in Le Nouvel Observateur, Paris, 6-12 novembre 1987), que l'on peut
relire sur le site très fourni de Horatio Potel. Cet entretien fut précédé de la notice suivante: « Le livre de Victor Farias, Heidegger et le nazisme, paru
le mois dernier aux éditions Verdier, a relancé brutalement la
polémique sur le passé politique du grand penseur allemand. Le dossier
est accablant. Certains posent la question : peut-on encore lire
Heidegger, commenter son œuvre ? Jacques Derrida publie cette semaine
deux ouvrages aux éditions Galilée : De l’esprit[
mis en ligne sur le même site] et Psyché. Dans le premier, il montre que le nazisme s’inscrit au cœur même de la philosophie de l’auteur d’Etre et temps. Pourtant,
nous ne devons pas renoncer à lire cette œuvre dérangeante,
déclare-t-il dans l’entretien qu’il a accordé à Didier Eribon. Car il
nous faut bien continuer à penser le nazisme. Et à penser tout court. » Voici quelques extraits de cette interview : "Quand il [Victor Farias] déclare tranquillement que Heidegger, je cite, «traduit» «un certain fonds proprement national-socialiste» en «des formes et dans un style qui certes lui appartiennent»[op.
cit., éd Verdier, p.20], il montre du doigt un gouffre, plus d’un
gouffre, un sous chaque mot. Mais il ne s’en approche pas un instant et
ne semble même pas les soupçonner. - Y a-t-il là
matière à sensation ? Non, sauf dans les lieux où l’on s’intéresse trop
peu à d’autres travaux plus rigoureux et plus difficiles. Je pense à
ceux qui, surtout en France, connaissent l’essentiel de ces «faits» et
de ces «textes», [et qui] condamnent sans équivoque et le nazisme et le
silence de Heidegger après la guerre, mais cherchent aussi à penser au-delà de schémas convenus ou confortables, et justement à comprendre. Quoi
? Eh bien, ce qui assure ou n’assure pas un passage immédiat selon tel
ou tel mode de ladite «traduction» entre l’engagement nazi, sous telle
ou telle forme, et le plus esentiel et le plus aigu, parfois le plus
difficile d’une œuvre qui continue et continuera de donner à penser. Et
à penser la politique. Je songe aux travaux d’abord de Lacoue-Labarthe,
mais aussi à certains textes, fort différents entre eux, de Lévinas,
Blanchot, Nancy. - Pourquoi l’archive hideuse
paraît-elle insupportable et fascinante ? Précisément parce que
personne n’a jamais pu réduire toute l’œuvre de pensée de Heidegger à
celle d’un quelconque idéologue nazi. Ce « dossier » n’aurait pas un
grand intérêt autrement. Depuis plus d’un demi-siècle, aucun philosophe
rigoureux n’a pu faire l’économie d’une «explication» avec Heidegger.
Comment le nier ? Pourquoi dénier que tant d’œuvres «révolutionnaires»,
audacieuses et inquiétantes du XXe siècle, dans la philosophie et dans
la littérature, se sont risquées, voire engagées dans des régions
hantées par ce qui est le diabolique pour une philosophie assurée dans
son humanisme libéral et démocratique de gauche ? Au lieu de l’effacer
ou d’essayer de l’oublier, ne faut-il pas tenter de rendre compte de
cette expérience, c’est-à-dire de notre temps ? sans croire que tout
cela est désormais clair pour nous ? La tâche, le devoir et en vérité
la seule chose nouvelle ou intéressante, n’est-ce pas d’essayer de
reconnaître les analogies et les possibilités de rupture entre ce qui
s’appelle le nazisme, ce continent énorme, pluriel, différencié, encore
obscur dans ses racines, et d’autre part, une pensée heideggérienne
aussi multiple et qui restera longtemps provocante, énigmatique, encore
à lire. Non parce qu’elle tiendrait en réserve, toujours cryptée, une
bonne et rassurante politique, un «heideggérianisme de gauche», mais
parce qu’elle n’a opposé au nazisme de fait, à sa fraction dominante,
qu’un nazisme plus «révolutionnaire» et plus pur ! [...] - J’ai marqué
des réserves dans toutes mes références à Heidegger, aussi loin
qu’elles remontent. Chacun des motifs d’inquiétude, c’est évident, a
une portée qu’on peut appeler rapidement «politique». Mais au moment où
l’on s’explique avec Heidegger de façon critique ou déconstructrice, ne
doit-on pas continuer à reconnaître une certaine nécessité de sa
pensée, son caractère à tant d’égards inaugural et surtout ce qui reste
à venir pour nous dans son déchiffrement ? C’est là une tâche de la
pensée, une tâche historique et une tâche politique. Un discours sur le
nazisme qui s’en dispense reste l’opinion conformiste d’une « bonne
conscience ». [...] - Parce que je crois à la
nécessité d’exhiber, si possible sans limites, les adhérences profondes
du texte heideggérien (écrits et actes) à la possibilité et à la
réalité de tous les nazismes, parce que je crois qu’il ne faut pas
classer la monstruosité abyssale dans des schémas bien connus et somme
toute rassurants, je trouve certaines manœuvres à la fois dérisoires et
alarmantes. Elles sont anciennes mais on les voit réapparaître.
Certains prennent prétexte de leur récente découverte pour s’écrier :
1) «Lire Heidegger est une honte !» 2) «Tirons la conclusion
suivante — et l’échelle : tout ce qui, surtout Heidegger, l’enfer des
philosophes en France, se réfère à Heidegger d’une manière ou d’une
autre, voire ce qui s’appelle “déconstruction” est du heideggérianisme!» La
deuxième conclusion est sotte et malhonnête. Dans la première, on lit
le renoncement à la pensée et l’irresponsabilité politique. Au
contraire, c’est depuis une certaine déconstruction, en tout cas celle
qui m’intéresse, que nous pouvons poser, me semble-t-il, de nouvelles
questions à Heidegger, déchiffrer son discours, y situer les risques
politiques et reconnaître parfois les limites de sa propre
déconstruction. Voici un exemple, si vous voulez bien, de la confusion
affairée contre laquelle je voudrais mettre en garde. Il s’agit de la
préface à l’enquête de Farias dont nous venons de parler. A la fin
d’une harangue à usage évidemment domestique (c’est encore la France
qui parle !) on lit ceci : «Sa pensée [celle de Heidegger] a pour de nombreux chercheurs un effet d’évidence qu’aucune
autre philosophie n’a su conquérir en France, hormis le marxisme.
L’ontologie s’achève en une déconstruction méthodique de la
métaphysique comme telle» [C. Jambet, « Préface» à Victor Parias, Heidegger..., op. cit., p. 14]. Diable ! s’il y a de l’effet d’évidence, c’est sans doute pour l’auteur de ce salmigondis. Il n’y a jamais eu effet d’évidence dans
le texte de Heidegger, ni pour moi, ni pour ceux que j’ai cités tout à
l’heure. Sans quoi, nous aurions cessé de lire. Et la déconstruction
que j’essaie de mettre en œuvre n’est pas plus une «ontologie» qu’on ne
peut parler, si on l’a un peu lu, d’une «ontologie de Heidegger», ni
même d’une «philosophie de Heidegger». Et la «déconstruction» - qui ne
s’«achève» pas - n’est surtout pas une «méthode». Elle développe même
un discours assez compliqué sur le concept de méthode que M. Jambet
serait bien inspiré de méditer un peu. Etant donné la gravité tragique
de ces problèmes, cette exploitation franco-française pour ne pas dire
provinciale, ne paraît-elle pas tantôt comique, tantôt sinistre ?"
L'honnêteté - et la subtilité agrémentée d'une touche d'autodérision -
avec laquelle Derrida analyse son propre rapport à ce philosophe est
rafraîchissante dans ce débat - "franco-français" - crispé et houleux.
Voici enfin le lien sur la page de
l'historien berlinois Reinhard Linde où des extraits de son livre "Bin ich, wenn ich denke. Etudes sur l'affaiblissement, l'influence et la structure de la pensée totalitaire"
(2003) sont disponibles en allemand et en anglais. La traduction
française du premier chapitre de ce livre mis en ligne sur le blog déjà
signalé consacré à "Heidegger et le nazisme" est malheureusement
illisible. Pour le lecteur germanophone, un autre article de cet auteur
-
Devil's Power's Origine
- reprend la problématique "française" sur "l'introduction du nazisme
en philosophie" et insiste sur le rôle de Hermann Heidegger dans la
publication - et la rétention - des œuvres de son père.
ETRE ET
TEMPS (MODERNES)
La réception de Heidegger en France (voir ci-dessus) ressemble à un roman fleuve. Voilà que la revue des Temps Modernes
- après l'acte d'accusation d'E. Faye (2005 /7) et la défense organisée
autour de F. Fédier (éd., 2007) - consacre un numéro (cf.
note) à celui
qui a dit en substance que les Français, pour "penser", devraient
(apprendre à) parler allemand. Faut-il en appeler aux Pensées de
Pascal? Et rappeler qu'à cette époque, même le grand Leibniz écrivait
en français? Qu'un siècle plus tard, on parlait encore français à la
cour du Vieux Fritz, autour de Voltaire et La Mettrie ? Mais peut-être
que ces gens-là ne "pensaient" pas...
Dans son commentaire de cette livraison (in Libération, 13 nov 2008), Elisabeth de Fontenay nous arrache une larme: "On
ne peut pas, ayant lu Heidegger en philosophe, tenir ses écrits pour
une traduction de l’idéologie nazie dans l’ontologie fondamentale. Si
Faye plaide à charge, avec l’allégresse du liquidateur, c’est qu’il ne
s’est pas représenté la douleur qu’éprouvait Levinas face à la grandeur
d’Etre et Temps, c’est qu’il ne s’est pas demandé pourquoi la
lecture de Heidegger avait pu donner au dissident tchèque martyr, le
philosophe Patoçka, la force, dans sa détresse, de résister." - Et sa
conclusion vaut la peine de figurer dans les annales de ceux qui lisent
Heidegger "en philosophe" : "Avant le tournant, se développe la
problématique du Dasein, de l’existant et du sens de l’être, une réflexion sur le da du Dasein,
sur l’être-là, d’un là qui n’est ni ici, ni là-bas mais auprès des
choses mêmes, en une expérience de l’ouverture où s’accomplit la
co-appartenance initiale de l’homme et de l’espace. Après le tournant,
s’essaye une méditation sur l’histoire et la vérité de l’Etre qui tout
à la fois se donne et se retire. D’où une approche du bâtir et de
l’habiter qui peut faire comprendre que tel pont, par exemple, n’occupe
pas un lieu mais que le lieu provient du pont. Dans une même
orientation de pensée, Dastur peut écrire qu’habiter au sens propre
veut dire «être capable de maintenir la distance au sein de la proximité et de faire place à l’étrangeté dans son propre lieu natal». A l’écart d’une alternative entre dénégation dévote et procès sommaire, Claude Lanzmann a su faire de cette livraison des Temps modernes un des quelques lieux où l’on puisse encore tenter de penser avec Heidegger." -
No comment !
Notre
roman n'en est certainement pas au dernier chapitre, car l'écrivain de
cette histoire n'a pas fini de sortir les papiers de son coffre. En
effet, un seul homme en connaît aujourd'hui le véritable "fin mot" (ou
le mot de la fin) : Hermann Heidegger, fidèle exécuteur du plan
éditorial que son père lui a légué avec la consigne de ne rien omettre.
Sur le site de la maison Klostermann, qui édite les oeuvres complètes du maître, on peut lire ceci: "Verdichtetes"
sind die 33 sogenannten "Schwarzen Hefte", in die Martin Heidegger
wichtige Einsichten und Erfahrungen seiner denkerischen Bemühungen über
mehr als vier Jahrzehnte hinweg niedergeschrieben hatte. Die
Veröffentlichung dieser "Schwarzen Hefte" wird nach seiner Entscheidung
am Ende der Gesamtausgabe erfolgen. - Nous traduisons: "Verdichtetes,
ce sont les 33 "Cahiers Noirs", où M.H. notait pendant plus de quarante
ans d'importantes idées (conclusions) et expériences issues de ses
efforts de pensée. Comme il l'a décidé, la publication de ces "Cahiers
Noirs" interviendra à la fin (de celle) des œuvres complètes."
D'ailleurs l'éditeur déplore l'absence de deux de ces Cahiers. Voici son appel à témoin, que nous tenons à diffuser également en France : Zwei
"Schwarze Hefte": "Überlegungen I" (von 1931/32) und "Anmerkungen I"
(von 1945/46) fehlen im Nachlaß, der im Deutschen Literaturarchiv
(Postfach 1162 - D-71666 Marbach am Neckar) aufbewahrt wird. Vermutlich
hat Heidegger diese Hefte vor langer Zeit ausgeliehen und nicht
zurückerhalten. Derzeitige Besitzer werden gebeten, sich beim Verlag
Klostermann, beim Deutschen Literaturarchiv oder beim Nachlaßverwalter,
Dr. Hermann Heidegger, Attental 4, 79252 Stegen, zu melden. C'est-à-dire: "Deux Cahiers Noirs - Réflexions I (de 1931/32) et Notes I (de 1945/46) - manquent dans les oeuvres (posthumes) conservées aux Archives littéraires allemandes (Deutsches Literaturarchiv
- Postfach 1162 - D-71666 Marbach am Neckar, RFA). Sans doute,
Heidegger a-t-il prêté ces cahiers il y a bien longtemps sans qu'on les
lui ait restitués. Les propriétaires actuels sont priés de se faire
connaître auprès des éditions Klostermann, du Literaturachiv ou de l'exécuteur testamentaire, Dr. Hermann Heidegger, Attental 4, D-79252 Stegen, RFA." Voilà qui est fait. _______________________________
(note)
LES TEMPS MODERNES, Juillet - octobre 2008 , 320 pages (No 650), éd. Gallimard. Parution : 23-10-2008.
Sommaire : Heidegger. Qu'appelle-t-on le Lieu ? T.M., Heidegger aux Temps Modernes Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly, Heidegger et la question du lieu Karl Löwith, Les implications politiques de la philosophie de l'existence chez Heidegger Alphonse de Waelhens, La philosophie de Heidegger et le nazisme Karl Löwith, Réponse à M. de Waelhens Alphonse de Waelhens, Réponse à cette réponse Martin Heidegger, Remarques sur art-sculpture-espace Didier Franck, Le séjour du corps Dominique Pradelle, Comment penser le propre de l'espace ? Marlène Zarader, Le lieu de l'art Jean-François Mattéi, Le lieu de l'étant et le milieu de l'être Françoise Dastur, Heidegger : espace, lieu, habitation Éliane Escoubas, Parcours de la topologie dans l'œuvre de Heidegger Rudolf Bernet, L'extimité du corps et la question du naturalisme en phénoménologie Gérard Bensussan, Le lieu et la contrée. Questions de proximité Peter Sloterdijk, Insomniaque à Éphèse Jean Grondin, Heidegger et le défi du nominalisme Florence Caeymaex, L'existentialisme comme éthique de Heidegger à Sartre Nicolas Tertulian, L'ontologie chez Heidegger et chez Lukács. Phénoménologie et dialectique Jeffrey Andrew Barash, Heidegger et la question de la race Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly, L'avenir du lieu
|