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SKARLET

Warblog - Journal de guerre

- II -

Deuxième jour de guerre
(vendredi 21 mars 2003, 
premier jour de printemps)

9:00, Paris. On allume la télévision. On fait du café. Le temps se couvre. On téléphone pour mettre la main sur une invitation pour le Salon du Livre. L’offensive terrestre a commencé. Les premiers morts américains et britanniques : il s’agirait d’un accident d’hélicoptère. Le Washington Post annonce que Saddam Hussein aurait été blessé lors d’un bombardement. Les avoirs irakiens (1,7 milliards de dollars) sont gelés aux États-Unis. Pub. - On allume la radio. Un correspondant est interrogé par téléphone: "Pour le moment il s’agit de ne pas affoler la population…" Ainsi, on utilise des armes "non-létales". La présentatrice demande des précisions : "des armes au carbone, paralysants… vous pouvez aussi utiliser certaines armes aux micro-ondes…"

9:25. Titres. "Les soldats (occidentaux) progressent dans le désert… Des dizaines de soldats irakiens se seraient rendus aujourd’hui…"  - Certains puits de pétrole seraient déjà en train de flamber. On aura eu le temps en douze ans de les miner tous. Ils pourraient exploser en même temps si tout espoir était définitivement perdu. - La presse parle d’une guerre des mots. Ce n’est pas nouveau. Les guerres se sont toujours accompagnées de polémiques, d’insultes, de frasques rhétoriques. - "Édition spéciale toute la journée… avec tous nos envoyés spéciaux…"  

"La caméra est embarquée sur un char à pleine vitesse… en direct sur CNN… ces images sont magnifiques… en route pour Bagdad, live sur CNN…" C’est donc également une guerre des images. Une nouvelle guerre-spectacle. À l’intention des couch-potatoes du monde entier. Qui regarde? A-t-on fait la part de l’audience? Les écrans publicitaires sont-ils réévalués à la hausse, font-ils l’objet d’une sélection? Et : cette guerre ne permet-elle pas de faire le black-out sur toutes les autres informations, ou en tout cas de les reléguer au second plan…?

"Dans le Sud du pays, trente puits de pétrole seraient en feu…" (déclaration du ministre de la Défense britannique). - Un expert met en doute l’information américaine selon laquelle Saddam Hussein serait blessé. Une autre question se pose : celle de la désinformation ou, en bon argot, la question de l’intox. Les journalistes sont avertis : ils font entièrement partie du processus guerrier. Il n’y a plus de "neutralité" ou d’"objectivité", ces concepts si chers à l’École, et pourtant si utopiques…

9:53. France-Info. "Jusqu’à trente-huit puits de pétrole auraient été incendiées dans le Sud du pays…" (déclaration du ministre de la Défense britannique). - Les chiffres montent. On parle du coup de poker des Américains qui voulaient éliminer d’entrée la tête du régime. C’est un échec.

Une autre radio: "La reconstruction aussi, ça remplit les poches…"(!)

10.00, BFM. On annonce une baisse du pétrole. De nombreux vols ont été annulées sur le Moyen-Orient…

Un commentateur: "Les choses sérieuses vont commencer dans la vallée de l’Euphrate… mais l’issue ne fait aucun doute…"

10:15. "Tous les indices européens sont orientés à la hausse… Le dollar se reprend face à la monnaie européenne…"

Un commentateur: "La Turquie est quand même une pièce maîtresse dans le dispositif allié…"

Depuis hier, ses troupes sont massées à la frontière irakienne. La "question kurde" est au centre des préoccupations.

Un autre commentateur: "C’est le gouvernement turc qui a pris de grosses responsabilités…"

On parle du nouveau parti musulman au pouvoir dans ce pays, qui change la "donne".

Un autre commentateur: "Chacun de part et d’autre aura la mémoire longue… Tout va dépendre de la façon dont vont tourner les événements…"

10:26. "Les indices européens sont très bien orientées aujourd’hui…"

La guerre des mots. Zapping. Un habitant de Bagdad sur France-Info: "Si je suis parti c’est pas parce que j’avais peur, c’est parce qu’il n’y a plus de travail…"

Toutes les Unes présentent la même vue nocturne de Bagdad.

Plus de travail. Comme ici. Ou plutôt : pas d’argent pour payer les gens. La peur, c’est une autre affaire…

10:30, France-Info. "Les chars américains continuent leur progression vers le Nord de l’Irak… Le ciel de Koweït s’est assombri de lourds nuages noirs… Les familles assistent en direct à la progression… En route pour Bagdad, live on CNN… Déploiement des troupes turques… Inquiétude chez les Américains… et surtout chez les Kurdes…Pour le moment, les troupes turques n’ont pas encore passé la frontière… Bush : ce ne sera pas une campagne de la demi-mesure… des rumeurs circulent sur l’état de santé même de Saddam Hussein… Les Quinze ont adopté un texte commun à Bruxelles hier soir… L’ambiance n’a pas été très chaleureuse… Hier soir, tous les yeux étaient tournés vers Jacques Chirac et Tony Blair… Les organisations humanitaires s’inquiètent… flot massif de réfugiés…"

Oui, les réfugiés de la pauvreté planétaire. Et les manifestations des pacifistes. 500.000 en Espagne. La Puerta del Sol a été occupée par 50.000 à 100.000 manifestants. On a demandé la démission du gouvernement Asnar.

Sarkozy dit qu’il n’y a pas de menace précise d’attentats terroristes en France.

"Les valeurs française sont en nette hausse ce matin… CNN diffuse en continu les images de la guerre…" La présentatrice parle d’une guerre des images. Comme quoi, on n’invente rien… Mais est-ce que ces gens pensent lorsqu’ils parlent? Ont-ils conscience de toutes les implications de ce qu’ils disent? puisqu’ils sont partie intégrante du processus, puisque tout va tellement vite lorsque certains passent à l’acte…

10:45, France-Info. Les Britanniques ont pris possession des stations de pompage sur la péninsule de Fao. Ils imposent un black-out sur leur progression. - Le trafic RATP est perturbé toute la journée à Paris. La seule information qui sort un peu de la guerre. Quoique : c’est une grève. Une sorte de guerre, donc. Sociale, celle-là…

Au fait, combien de fois le mot guerre sera-t-il prononcé aujourd’hui par les envoyés spéciaux, les commentateurs, les chroniqueurs, les spécialistes du monde entier?

"Mais c’est aussi une guerre des images avec l’omniprésence des télévisions américaines…" (bis)

On donne dans la répétition sur France-Info. Une sorte de boucle hypnotique de la façon officielle de parler des événements, de la façon officielle de commenter le passage à l’acte…

"On peut penser que… on se demande si c’est le Paris-Dakar, ou autre chose…" Le Paris-Dakar ! Nous voici donc vraiment dans le "Milithon"…!… Mais à quand l’arrivée glorieuse, et le relevé des compteurs…?

Rire inopiné de la présentatrice lorsqu’elle reprend l’antenne… 

19:54, Arte: "Le reality-show de guerre est inventé." Voici deux heures, l’offensive majeure a été déclenchée. La BBC annonce le décès d’un deuxième marine.

20:00, France 2. Les bombardements ne cessent pas. "Aujourd’hui, c’est le jour A pour provoquer choc et stupeur chez l’ennemi. - Cette fois, c’est le bombardement massif… c’est tout le cœur administratif de Bagdad qui a été touché…- Est-ce que la ville est dans l’obscurité? - Non, elle n’est pas dans l’obscurité, il n’y a pas de couvre-feu, c’est un peu surréaliste…" - Les bombardiers B52 sont entrés en action avec, "dans leurs flancs, des dizaines de tonnes de bombes…" C’est le vétéran de l’aviation américaine. On fait un historique. En fond sonore, un jingle de jeu vidéo, je me retourne : on montre des B52. - Un envoyé spécial en direct: "On entend des DCA… il y a eu des tirs de mortier des forces irakiennes en direction des territoires kurdes…" - On relate la victoire américano-britannique à Oum Qasr. Il y a eu une alerte au gaz chimique. La situation est tendue… - La présentatrice: "Je vous propose maintenant le film des événements de la journée…"

20:13, TF1. Les Américains espèrent atteindre Bagdad dans trois ou quatre jours. Un commentateur: "Images-symbole de reddition qui pourraient aussi être des images de propagande… Le nom de code qui circule chez les Britanniques et les Américains : défoncer la porte… Dans quarante-huit heures, le sort de cette guerre sera joué… sans précédent dans l’histoire de l’humanité…

20:40, France 2. Un expert en questions stratégiques: "Tant qu’il y aura du courant à Bagdad, on ne sera pas dans une guerre massive… C’est une affaire très maîtrisée… C’est une guerre de libération… c’est ce pari qui est en train de se mener…" - Un amiral: "Si on doit se battre dans les villes, la guerre sera sale… Il y a plus de difficultés qu’ils (les Américains) ne le pensaient… Si le pari, qu’on évoquait, ne se réalise pas, il faudra bien faire une guerre de Bagdad…" - La présentatrice évoque le Vendredi de prières. Images d’Amman (Jordanie). Discours qui appellent au Jihad. Au Caire, de nouveaux affrontements. Commentaire: "Nous nous sacrifierons pour l’Irak, crie la foule… Irak, tiens bon face à la Croix…!… les canons à eau entrent en action…"

21:00, Bagdad (23:00, en temps irakien). Un envoyé spécial: "Il y a cinq ou six minutes, on a eu droit à une salve de Tomahawk… absolument terrifiante…"

23:15, France 3. Sept puits de pétrole flamberaient dans la région de Bassora. George W. Bush tient un conseil de guerre à Camp David. Un commentateur: "On a l’impression que George Bush veut faire le ménage dans la région… Depuis le 11 septembre, le président américain a décidé d’appliquer la doctrine de la guerre préventive…"

200.000 personnes ont manifesté pour la paix dans les rues d’Athènes. Manifestations à Gaza, en Cisjordanie, en Égypte, en Jordanie, au Yémen pour l’Irak. Encouragements des attentats suicide. À Istanbul, 5.000 personnes sont descendues dans la rue en criant: "Maudite soit l’Amérique…!" - Un commentateur libanais: "Il est évident qu’il peut y avoir un ras-le-bol… c’est un volcan qui est éteint… c’est pour ça que les Américains veulent une guerre extrêmement rapide…" - Tony Blair: "La guerre ne se terminera pas rapidement…" - Reportage: La première offensive américaine s’abat sur Bagdad. En quelques minutes le cœur de la ville est en feu…

 

Troisième jour de guerre
(samedi 22 mars 2003)

8:40. Mille (?) missiles de croisière se sont abattus sur Bagdad cette nuit, quelques erreurs de tir, le palais présidentiel détruit, les bustes de Saddam toujours debout. Quelques milliers de soldats irakiens faits prisonniers. Un millier de soldats turcs auraient franchi la frontière vers le Kurdistan irakien. Un nouvel accident d’hélicoptère. Sept soldats britanniques portés disparus.

8:43, Paris. Café, cigarette, ordinateur, un coup d’œil par la fenêtre : temps radieux, printemps à Paris. J’allume la télévision…

8:50, France 2 : Les débatteurs discutent sur fond d’images de guerre. On se dit inquiet par l’initiative turque. La "question kurde" est au centre des préoccupations (bis). Un envoyé spécial sous le soleil et les palmiers de Bagdad: "Les Irakiens sont les Prussiens du monde arabe…" (!) En fond sonore, on entend les klaxons d’une circulation urbaine apparemment ordinaire. L’homme porte une chemise bleu ciel. Il n’a pas l’air très anxieux. Au Koweït, une tempête de sable se lève. Selon un expert, les soldats utilisent des préservatifs pour boucher les canons des fusils et des bas de femme pour protéger les radiateurs. L’envoyé spécial sous le soleil et les palmiers de Bagdad: "La vie a repris un cours presque normal… mais tout ça est loin, très loin d’être terminé…"

9:00, TF 1 : "La 51ème division irakienne, quelques milliers d’hommes, se serait rendue près de Bassora… un peu de résistance irakienne dans le port d’Oum Qasr…" - Un envoyé spécial: "Il est 11 heures ici à Bagdad… les gens commencent à sortir… il y a l’impact psychologique… le palais présidentiel détruit… les Américains visent les symboles de la puissance irakienne…"

L’information décroche, sans doute pour revenir en force plus tard: Télé-achat sur TF 1 et M 6, programmes pour la jeunesse sur France 2 et France 3. Un débat sur France 5 intitulé Guerre en Irak : l’enjeu du pétrole.

9:30, France-Info : "L’heure est à l’accalmie à Bagdad après un véritable déluge de feu…207 blessés dans la population civile irakienne, en majorité des femmes et des enfants…Les marines américains disent avoir progressé de 150 km… collision de deux hélicoptères britanniques, les sept membres des équipages sont morts… résistance irakienne à Oum Qasr… les forces alliées ont maintenant pour objectif Bassora, elles sont aux portes de cette ville… Le Kurdistan irakien : future pomme de discorde entre Bush et les Turcs… les Peshmerga préviennent : si l’armée turque pénètre au Kurdistan, ce sera la guerre civile… les rumeurs les plus folles circulent sur Saddam Hussein, certains le disent blessé, d’autres mort… Jacques Chirac continue de faire entendre sa différence… Les pacifistes britanniques ne désarment pas (!)… Wall Street a connu sa plus belle semaine de hausse depuis vingt ans… en huit séances, le marché américain a regagné mille milliards (de dollars)… le baril de brut a chuté de 33,3%… le plan Vigipirate est renforcé en France…" Puis cette information apparemment hors sujet: "Un million d’enfants pauvres en France… mais le taux d’enfants pauvres est dans une bonne moyenne par rapport aux pays européens, et surtout par rapport aux États-Unis…"(!)

12:25, France 3. On annonce que la nuit dernière plus de 3.000 (?) missiles ont été tirés sur Bagdad. Une Algérienne est venue servir de bouclier humain: "On leur dit que c’est des feux d’artifice…" - L’envoyé spécial: "Les bombardements ont repris il y a une heure environ… En ce moment même, de lourds bombardements ont lieu à la périphérie de Bagdad… Les rues se sont vidées… les voitures ont cessé de circuler… les ruines des bâtiments bombardés fument encore…" - Reportage, commentaire: "Constater les dégâts est le premier geste du gouvernement irakien…" - Présentateur: "Au sol, l’offensive terrestre se poursuit… À Bassora, des négociations sont en cours…" - Reportage, commentaire: "De violents combats se déroulent à l’extérieur de la ville… cinquante morts…" Insert d’un commentaire irakien: "Les combats sont terribles… Les Américains n’ont rien réussi…" - On spécule sur l’entrée des soldats turcs en territoire kurde irakien: "Des dérapages sont à craindre…" - Autre reportage, commentaire: "On ne sait toujours pas si Saddam Hussein est blessé… Hier soir, des images du Raïs à la TV irakienne…" - Présentateur: "Côté américain et britannique, le bilan s’est alourdi…" - Un Noir américain face à la caméra: "My only son… President Bush, you took my only son...!" - Présentateur: "George Bush a répété que la guerre pourrait être plus longue et difficile que prévu…" - Manifestations pacifistes à Chicago, San Francisco, New York. Une manifestante: "Nous voulons montrer ce à quoi la guerre ressemble vraiment… à la télévision, on ne voit pas les bébés qui meurent…"

13:10, TF1: On montre la conférence de presse de Saddam Hussein avec en fond sonore les explosions des missiles. Un soldat irakien aux Américains : "Vous feriez mieux de vous rendre… nous allons tous vous décapiter…"

J'éteins la télé… je frise déjà l’overdose…

 

Quatrième jour de guerre
(dimanche 23 mars 2003)

00:03, France 2. Talk-show. Interview d'un "bouclier humain".

1:22, France-Info. Musique, puis: "Bagdad à nouveau secouée par les explosions… Ankara est prêt à déployer ses troupes… 100.000 Américains ont défilé à Manhattan…" La guerre sera à la Une de toute la presse du dimanche…

1:27, France 2. Générique de fin du talk-show. Cérémonie de jazz sur France 3. Téléfilm sur T F 1, concert sur M 6. Puis la pub, un peu partout, et The Killing de Stanley Kubrick sur Arte.

Black out hertzien sur la guerre jusqu'à 1:35, France 2. Journal de la nuit: Une attaque à la grenade contre un camp américain au Koweït. 500 missiles de croisière utilisés par les Américains, samedi.

7:48, France 2. "Les Américains rencontrent de la résistance… Les Irakiens se défendent… - Il faut d'abord briser la colonne vertébrale de l'armée irakienne…" - Il fait toujours aussi beau à Paris. - On montre des images d'Oum Qasr, une caméra tremblante, des vues grises, des explosions, nuages de fumée. Les informations tombent en vrac. Selon le magazine Newsweek, Washington aurait accepté l'idée d'une administration irakienne pour l'Irak après la guerre... - Présentatrice: "Quoi de neuf, on a entendu une explosion?" - Correspondant en direct de Bagdad: "Il y a eu quelques bombardements, pas massifs, puis plus rien, mais les sirènes de fin d'alerte n'ont pas retenti… il y a eu plusieurs vagues dans la nuit… des informations à prendre au conditionnel… des rumeurs…
 - …Bilan des blessés, bilan des morts?…
 - C'est la première fois qu'on parle de morts (dans la population civile)… il y a une espèce de poussière poisseuse de mazout un peu partout…"

La résistance irakienne à Oum Qasr est patente… On dit que les Américains veulent préserver les "infrastructures économiques"…- Entre 100.000 et 200.000 personnes ont manifesté sur Broadway (New York City)… Incidents avec les forces de police… - Selon le Washington Post, George Bush pourrait demander au conseil une "rallonge" de 80 milliards de dollars… - Les troupes n'entrent pas dans les villes pour éviter toute "guérilla urbaine". Un soldat américain: "Ils se sont déguisés en civils pour nous tirer dessus…"

L'objectif reste toujours Bagdad, à 200 km. - Ce matin, France 2 est à nouveau la seule télé hertzienne à diffuser les images, reportages, commentaires sur la guerre. En zappant sur T F 1, je tombe sur le grand prix de formule 1 à Manille… dernières nouvelles: vroom vroom vroom

France 2. Les bombardements de la nuit ont été rapides et violents… - "En 24 heures, ce sont près de 500 missiles Tomahawk qui ont été tirés… les Britanniques ont annoncé la perte d'un avion…" Question de la présentatrice à l'envoyé spécial en direct: "Il est 10:30 à Bagdad, dans quel état psychologique sont les Bagdadi?"

Comment peut-on poser de telles questions (et y répondre de la terrasse d'un hôtel de luxe)…?

9:00, France-Info. Titres : Un journaliste britannique disparu aurait été victime d'un tir américain. - Un avion britannique perdu aurait essuyé le tir d'un "missile anti-missile" (!) américain. - Bombardements au centre et à la périphérie de la capitale irakienne. Les tirs sont sporadiques. Les alertes anti-aériennes ne correspondent plus à rien. - Au sol, les forces américano-britanniques poursuivent leur avancée vers Bagdad. La ville natale de Saddam Hussein (Tikrit) a également été pilonnée. Les forces de la coalition ont décidé de contourner certaines villes, comme Bassora, la deuxième ville du pays, une région très riche en pétrole. - Discours de George W. Bush, hier soir : le président est apparu plus prudent. - Saddam Hussein s'est à nouveau montré à la télévision (irakienne, images reprises par la chaîne arabe d'information Al-Jazeera). - Plus de nouvelles d'une équipe de télévision d’ITN. Une colonne de tanks aurait ouvert le feu dans leur direction. Il pourrait donc s'agir d'une "terrible bavure". - Une attaque à la grenade dans le Nord du Koweït : un homme (américain) est mort, dix sont blessés…

Je sors pour faire un tour au marché. Les gens vaquent à leurs occupations, passent un dimanche matin au soleil, ici à Paris, font leurs courses pour "déjeuner en paix…"

10:22. On entend les discours des révoltés dans la manifestation parisienne d'hier... Vision optimiste d'un nouveau monde plus équitable. - Un autre discours, à New-York : on n'a aucun contrôle sur ce qui se passe… (manifestations d'impuissance).

10:25, France-Info. Titres : Explosions ce matin en banlieue de Bagdad. Des violents combats opposeraient soldats américains et irakiens…

10:30, BFM. Titres : 77 civils ont été tués, plus de trois cents blessés. Selon le ministre irakien de l'Information, 7 millions de combattants seraient déployés sur tout le territoire… - Le sort de Saddam Hussein reste flou… - "Les anti-guerre ne se démobilisent pas" (bis!)…

12:16, France-Info. Une explosion a été entendue près du quartier général américain au Qatar. Un correspondant: "...Une épaisse fumée noire… on n'a pas plus d'informations…" Le gouvernement irakien semble détenir des prisonniers américains… ni commentaire ni démenti américain… Les services spéciaux américains seraient à 80 km de Bagdad… La ville de Bassora est encerclée… présence de snipers, embusqués dans les maisons… - On montre des Irakiens, résidents en Jordanie, en train de retourner au pays. L'un d'entre eux : "...Combattre jusqu'à la dernière goutte de sang… Tu es dans ta maison, est-ce que tu acceptes que quelqu'un vienne te mettre dehors…?"

12:27, France 3. Commentaire à propos de la bataille autour d'Oum Qasr et d’Al Fao: "Place maintenant à la guerre sale… le terrain se gagne mètre par mètre…" Puis: "Voici les premières images de Bassora tournées par Al-Jazeera… Les marines affirment avoir franchi l’Euphrate… Ils se trouvent à 300 km de Bagdad…" - Le gouverneur de la ville natale de Saddam Hussein et de la plupart des membres de son gouvernement, Tikrit, pilonnée: "Un mariage avait lieu… 4 sont morts…" - Un sergent américain a été arrêté au Koweït : il aurait perpétré l'attentat à la grenade contre sa propre compagnie… Un journaliste du Time affirme que le suspect aurait un nom à consonance arabe… - Commentaire: "L'Amérique est en train de perdre la guerre de l'image…" - Présentateur: "Bagdad s'est réveillée ce matin sous les fumées noires…" - Commentaire: "Il semble que les dernières frappes n'avaient rien de très chirurgical…" - L'envoyé spécial en direct de Bagdad: "Il se passe quelque chose sur un pont… il y a de l'agitation… certains disent qu'on est en train de repêcher un homme tombé à l'eau… ce serait le pilote d'un avion américain abattu… on ne peut pas vraiment parler d'accalmie…" - Un leader en appelle à l'unité des nations arabes contre "l'invasion sioniste"…

13:08, France 2. Pétarades. Un commentateur: "...Épaisse fumée noire... Bagdad se prépare à la nuit… seul le chant d'un muezzin s'élève dans la nuit… puis… une gigantesque boule de feu… plusieurs dizaines de morts et de blessés… Pleure pas, nous les vaincrons… toujours des slogans contre les Américains, à la gloire de Saddam Hussein…"

13:16, Canal +. Interview d'un "bouclier humain". À peine arrivé à Bagdad, il est reparti. Il voit des espions partout. "J'ai vraiment eu peur à ma vie (!)…" - Le présentateur lance un sujet sur les exactions d'un général irakien, tenu pour responsable d'un massacre de populations kurdes à l'arme chimique.

13:24, France 5. Une émission de spécialistes des médias (je ne comprends pas très bien de quoi ces gens discutent): Intervenant:"…On ne va pas toucher aux frontières… on essaye de maintenir l'Irak tel qu'il est… mais on installe le virus de la démocratie…" - Présentateur: "Sur ce cafouillage, vous avez une hypothèse… ils ont un projet…? - Réponse: "Ce projet aura un effet de contagion… c'est pas la première fois que l'Amérique a un projet pour une zone du monde… le plan Marshall…" - Générique fin.

13:29, Canal +. Commentaire d'un reportage qui montre un camp américain de prisonniers irakiens: "Jésus contre Allah… ce jour, la guerre des religions n'avait pas lieu…" Un homme dans le camp: "Hello, Sir, you are french… where you come from… Paris…? come on here… this way… only people here, no army…! " - Officiellement, les Américains tiennent Oum Qasr… - Moralité : il ne faut pas toujours croire les communiqués du Pentagone… L'Amérique est en guerre, mais sur le terrain les boys sont paumés… Est-ce une guerre de libération ou d'occupation…?" - L'envoyé spécial en direct: "C'est un vrai bordel…! Faut faire super gaffe parce qu'on est dans le désert… on est à la merci de n'importe quel officier qui dit : bon vous, vous êtes pas intégré… Plus ça avance, plus c'est compliqué… à l'arrière ils essayent de contrôler les images…"

13:38, T F 1, France 2 : Grand prix de Manille, championnat de France de football…

13:41, Canal +. Un clip du réalisateur américain Michael Moore. War is over (if you want it).

13:46, France 2. Une émission de débat dans la rue (Mouffetard, à Paris). Un homme et une femme assis sur les marches parlent en même temps.- Le présentateur: "Un débat deux fois plus long que d'habitude…" - Répondeur téléphonique: "Le rêve perdu d'une mondialisation…" - Une femme: "On est surtout obligés de vouloir la paix… il faut croire à la paix, mais je suis triste, on est manipulés… on fait peu de cas de la population… je ne la comprends pas, cette guerre… je ne voudrais pas qu'il y ait des dérives…" - Un homme d'origine orientale: "On a l'impression que les Américains sont en train de faire un jeu vidéo… mais il y a des immeubles entiers qui sont en train de sauter…" - Une Américaine résidant à Paris (favorable à cette guerre): "...Personne ne peut maîtriser ces gens-là (la discussion portait sur les Turcs)… il y a des mouvements qui sont pas du tout clairs…" - La femme: "Est ce que dans une guerre on peut maîtriser quelque chose…?"

photo : Youri Kozyrev (pour Time)

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