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Joe Manassé

écoutez la chanson "métropolitain" de joe manassé
     
MÉTROPOLITAIN
- cherchez la chanson ! -
(Mardi 5 août 2003)

Station Passy, 15:10. Le chanteur avait-il les pris les somnifères avant ou après avoir frappé sa copine à mort?  Pas vraiment mon style de problème, aujourd’hui. Moi, j’avais mon billet. Et pourtant les six contrôleurs qui m’entouraient n’étaient pas de cet avis. D’ailleurs ils m’entouraient pour une autre raison. Fauché, j’avais eu la mauvaise idée de faire sonner ma guitare dans une rame du métropolitain. Six euros en cinq minutes. La journée s’était annoncée lucrative. Et Mario avait un visage détendu quand il exhiba sa carte professionnelle en m’invitant à descendre de wagon. Souple, j’avais acquiescé à son désir. Les petites bonnes femmes qui, sur le quai, me rédigèrent les deux procès verbaux étaient bien plus crispées. Et beaucoup plus blanches. Impossible de placer une réflexion qui ne fût triviale. La petite bourgeoisie dans l’exercice de ses fonctions. Impossible de palabrer, quoi. L’air convaincu, leur collègue en vert olive lâcha en passant qu’il y avait des règles et que personne ne les respectait. Puis son regard abruti par la télévision alla se perdre dans une affiche publicitaire de l’autre côté de la station aérienne. Star Academy. Il avait donné le fond de sa pensée. Il était épuisé. Et la chaleur était africaine. Comme le visage de Mario. "Ne vous prenez pas la tête pour ça", remarqua-t-il à voix basse. Le problème, c’était le second procès verbal.  La petite bonne femme avait marqué "sans titre de transport". Or j’insistai que je venais d’acheter le petit billet violet pour la somme de 1 euro 30 voici une demi-heure, Place Clichy. Vrai qu’ils n’avaient pas augmenté le prix du billet au détail. Toutefois, l’un des civils, un blond émacié, chéri de ces dames et roi de l’after-beat, avait une machine qui ne pouvait se tromper. Tout le monde sait que les machines sont infaillibles. Et que les artistes sont des menteurs. Ça, Platon le disait déjà. Selon l’engin qui me fit penser au truc que le serveur vous présente à la fin des repas au restaurant, mon billet aurait été composté à 13 heures. Voilà 2 heures et 10 minutes. Depuis dix minutes, l’infraction était donc évidente. Pour la forme, je protestai un brin avant d’être conduit vers la sortie. "Le procès verbal n’équivaut pas à un titre de transport, conduisez Monsieur vers la sortie", avait décrétée l’oie blanche à ses sbires. Puis, peut-être pour détendre l’atmosphère, Mario me demanda si je donnais des cours de guitare. J’étais scié. Et je me souvins de cette autre anecdote: Sur la même ligne, quelques années en arrière, j’avais joué dans le wagon de tête. Lorsque j’avais fini ma prestation, le conducteur avait bondi de sa cabine pour se précipiter vers moi. Encore un gars excédé, avais-je pensé. Car, selon mon expérience de musicien des rues, la musique n’adoucit pas toujours les mœurs. Alors, à ma grande surprise, il m’avait demandé de lui montrer les accords de la chanson que je venais de jouer. Foule sentimentale. Et les voyageurs avaient commencé à douter de la santé mentale du gars aux manettes. Pour désamorcer la soupe à la grimace naissante, je lui avais proposé de lui montrer les accords entre Bir-Hakeim et Passy. Dans sa cabine de pilotage. Durant le transport des gens lavés, hors d’usage. Aussitôt dit, aussitôt  fait. --- Aujourd’hui, après une longue marche sous un soleil de plomb dans l’air chargé d’ozone où les transports devraient être gratuits, bordel, me voici enfin de retour place Clichy. Et la guichetière me confirma que le billet litigieux avait bien été composté à 14:32 précises. Mais vu le premier procès verbal pour "musicien en rame", il ne me restait qu’à fermer ma gueule en attendant le prochain disque produit par la RATP. Rentre Avec Tes Pieds. Ouais. Faut voir comme on nous parle. Sous le cagnard. Fin de l’histoire. Le vent l’emportera...

 

   BLUES
       (Samedi 13 septembre 2003, pour A.)

 

M° Pigalle, autour de midi, bien calé dans le siège RATP. L’ambiance est à la rêverie & aux néons. Un journal, un livre, par ci, par là. Une nana ajuste son chignon. Anvers. Sacré-Cœur. Titre d’une page: Méfiez-vous des cartables. Je n’y manquerai pas. Je fais tout ce qu’on me dit. On me dit: "Va au Bourget". Je vais au Bourget. J’y ai atterri une fois. Vers 1966 ou 1967. C’était plutôt mouvementé. Cette fois, je suis détendu. La rame remonte à l’air libre. Annonce: "Je vous rappelle que la station La Chapelle est fermée au public." Changement de programme, de ligne. Je descends les marches dans un décor à la Escher. Modern style. En trois dimensions. J’ai le vertige. Et la foule se croise & s’entrechoque dans la ferraille métropolitaine.

Une heure, Gare du Nord, quai du RER. J’ai dans les oreilles John Hammond qui chante Tom Waits, façon de me préparer au concert d’Arno, le chanteur belge, sur la Grande Scène, à 14:45. Pour l’instant, ce sont les rails & les paysages suburbains à perte de vue. Stade de France. Kick the mule… Disque suspendu… Des kilomètres de graffitis le long des blocs d’habitation…

Navette. Sur un sac: "Pourquoi apprendre l’espéranto si vous ne parlez même pas à votre voisin?" Ben ouais.

Deux heures, Le Bourget, Parc des Expositions, Grande Scène. Le soleil tape. L’herbe est fraîche. Un groupe joue. Tout le monde boit, fume, discute, dort. Tout ce monde hétéroclite, cool, détendu. Le lien avec mes visites de 1975 et 76 est vite tissé. En exceptant la boue…

Discussion au comptoir avec un cantonnier de Figeac qui tient à me payer le café. Ainsi, mon briquet repartira dans Lot, dimanche soir. La musique est une sorte de fusion occitane, un Denis est au piano & chante avec un débit & un accent proche de Nougaro; une Yamina joue les derviches tourneuses. Puis, je suis revenu sur l’herbe, un speaker en chemise fantaisie bleue & rouge, la mèche d’Elvis, annonce: "Dans quelques instants on accueille Arno." C’est alors que se produit une chose surprenante : des messages publicitaires à la fête de l’Huma…! A fond le son & sur l’écran géant les images en couleurs. Comble : la chanson Revolution de John Lennon, réinterprétée par un mollasson, passe pour promouvoir un réseau de téléphonie mobile. La pub s’éternise. Je me bouche les oreilles avec John Hammond. Heartattack & Vine. Un autre speaker, ou le même qui s’est transformé en costard chemise jaune d’or, commence une sorte de discours qui résonne sur mon blues: Clap hands…!

Arno est là. Flash: il me rappelle ce dingue de Kevin Coyne en 1975. Ma mère. - Dans les mains de ma mère, il y avait toujours de la musique… Après la balade, le rock prend les rênes, le gros son fait trembler les brindilles d’herbe, les tympans, les crânes.

Arno danse sur sa chaise. Applaudissements. Le guitariste (Jeffrey Burns) change d’instrument à chaque morceau.

Arno debout : Honky Tonk --- Houlalala c’est magnifique ! --- Je ne suis pas… Putain, nous sommes quand même tous des Européens… Hymne : Freude schöner Götterfunken (Beethoven, by a beatnik)

Coupe franche. Cinq heures, dehors, parking : je n’ai plus de cash & je cherche un distributeur car comme me l’a expliqué une dame: "On a viré le capitalisme alors tu comprends, les banques…" Ouais, mais en attendant il faut payer la bouffe et la bière…

Airbus, Ariane, Concorde, plantés là dans le décor d’un aéroport hors service. Le guichet automatique que je trouve après une plombe est hors service, lui aussi. Le prochain se trouve à l’autre bout de la route embouteillée, à quelques kilomètres de là. Je me plante à une terrasse ensoleillée où l’on accepte mon ticket reste pour une assiette et une boisson.

Sept heures, Grande Scène. Après Arno et Massilia Sound System, on attend Allô Aubert. C’est la foire aux minettes, et j’aperçois même un golden boy aux yeux rouges. Des larmes de nostalgie ou des relents d’herbe…? Pub. Balance. Flashs. Crépuscule. John Hammond me sert de pare-choc sonore. Le speaker en costard reparaît. Il a changé de chemise. Clap hands. J’enlève les capsules : Aubert est là. Tout le monde se lève, se rue vers la scène. Sur toutes les plages du monde… - J’étais ici y a vingt ans et je rêvais d’un autre monde… - Soudain le Soleil paraît une dernière fois & je détourne un instant le regard de la caverne… Locataire

Je marche, tourne dans la kermesse, village planétaire, sans cash…. Argent trop cher… la vie n’a pas de prix… pas de prix

Neuf heures, navette. Tandis qu’au loin résonne: Je rêvais d’un autre monde… Et l’hallucinant écho de la caverne me poursuit sous ce ciel bleu virant au noir.

 

Shore leave

Well with buck shot eyes and a purple heart
I rolled down the national stroll
and with a big fat paycheck
strapped to my hip sack
and a shore leave wristwatch underneath
my sleeve
in a Hong Kong drizzle on Cuban heels

I rowed down the gutter to the Blood Bank
and I’d left all my papers on the Ticonderoga
and was in a bad need of a shave
and so I slopped at the corner on cold chow mein
and shot billards with a midget
until the rain stopped

and I bought a long sleeved shirt
with horses on the front
and some gum and a lighter and a knife
and a new deck of cards (with girls on the back)
and I sat down and wrote a letter to my wife
and I said Baby, I’m so far away from home

and I miss my Baby so
I can’t make it by myself
I love you so

Well I was pacing myself
trying to make it all last
squeezing all the life
out of a lousy two day pass

and I had a cold one at the Dragon
with some Filipino floor show
and talked baseball with a lieutenant
over a Singapore sling

and I wondered how the same moon outside
over this Chinatown fair
could look down on Illinois
and find you there

and you know I love you Baby
and I’m so far away from home
and I miss my Baby so
I can’t make it by myself
I love you so

Shore Leave...

(Tom Waits as sung by John Hammond, 2001)

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